Une relance vigoureuse mais inégale
· La Tunisie pénalisée par le retard de la campagne de vaccination, les tensions politiques et les retards des réformes
Aussi bien l’OCDE le 2 mai dernier dans ses perspectives de l’économie mondiale que la Banque mondiale, le 8 juin 2021 dans sa dernière édition des perspectives économiques mondiales ont fait la même conclusion. Les deux institutions ont annoncé une reprise vigoureuse de l’activité dans les pays développés qui sont parvenus à endiguer, un tant soit peu, l’impact du COVID-19 à la faveur d’une vaccination massive de leur population. Il n’en reste pas moins vrai que cette reprise demeurera inégale notamment dans les pays émergents et en développement qui n’ont pas réussi jusqu’ici à circonscrire les effets de cette pandémie.
Pour l’OCDE la reprise dans certains pays est hors du commun, mais elle reste inégale et dépend de l’efficacité des programmes de vaccination et des politiques de santé publique. Les pays qui ont vacciné rapidement leur population contre le COVID-19 et qui réussissent à maîtriser les contaminations grâce à des stratégies de santé publique efficaces voient leur économie se relever plus vite. C’est ainsi que la Corée et les États-Unis retrouvent les niveaux de revenu par habitant pré-pandémiques après 18 mois environ. L’Europe devrait mettre, en grande partie, près de 3 années à se redresser. Au Mexique et en Afrique du Sud, ce processus pourrait prendre plus de 3 ans.
Qu’en est-il de la Tunisie ? L’organisation s’attend à ce que le PIB croît à un rythme annuel de 3 à 31⁄4 pour cent en 2021 et en 2022. Ce niveau faible est imputable à plusieurs facteurs. Il y a d’abord, la persistance des risques sanitaires qui continue à peser sur l’activité touristique et la création d’emplois. L’organisation déplore notamment la lenteur du déploiement de la vaccination et la nécessité en découlant de maintenir les restrictions de déplacement au second semestre de 2021 vont brider l’activité dans les secteurs de services à forte intensité de main-d’œuvre. L’incertitude qui entoure le climat politique freine l’investissement privé. Soutiendra les exportations de biens et de services au cours du second semestre de 2021.
L’autre obstacle, non moins important, se réfère à la montée des tensions politiques et des troubles sociaux qui font planer un risque sérieux sur la reprise. Étant donné les besoins de financement, estimés à quelque 18 % du PIB en 2021, un plan à moyen terme crédible de réduction du déficit budgétaire, ainsi que des progrès dans le domaine des réformes structurelles, ont une importance fondamentale pour éviter toute nouvelle détérioration de la confiance des investisseurs et pour permettre aux bailleurs de fonds multilatéraux d’aider le pays à refinancer une dette publique élevée.
Pour la Banque Mondiale, l’économie mondiale devrait croître de 5,6 % en 2021, affichant ainsi un rebond post-récession d’une ampleur sans précédent en 80 ans. Cette reprise tient en grande partie au redressement vigoureux de quelques grandes économies, tandis que de nombreuses économies émergentes et en développement sont encore aux prises avec la pandémie de COVID-19 et ses retombées, indique la Banque mondiale dans sa dernière édition des Perspectives économiques mondiales.
Malgré la reprise, la production mondiale fin 2021 sera inférieure d’environ 2 % aux prévisions pré-COVID. Dans les deux tiers des économies émergentes et en développement, les pertes de revenu par habitant subies en 2020 ne seront pas recouvrées en 2022. Dans les pays à faible revenu, où la vaccination a pris du retard, les effets de la pandémie ont effacé les progrès réalisés dans la lutte contre la pauvreté et aggravé l’insécurité et d’autres problèmes de longue date.
Dans la région MENA, Afrique du Nord, Moyen Orient, estime la Banque mondiale, La plupart des économies ont connu en 2020 une contraction sans précédent depuis des décennies, et les dommages économiques causés par la pandémie restent particulièrement visibles dans les secteurs du transport et du tourisme.
Plusieurs pays importateurs de pétrole ont connu au début de 2021 une recrudescence des cas de COVID-19 qui a ralenti la croissance. Avec l’accélération de la vaccination, l’assouplissement des restrictions de déplacement, l’allègement des réductions de la production pétrolière et l’atténuation des problèmes budgétaires, la croissance devrait s’accélérer à 3,5 % en 2022. Néanmoins, les perspectives sont incertaines et dépendent de l’évolution de la pandémie, de l’accès aux vaccins et de la volonté des populations de se faire vacciner. La pandémie reste un frein à la croissance dans les pays importateurs de pétrole.