Tout va bien en Ukraine, répète, comme un mantra, Vladimir Poutine. Encore lundi, en inaugurant un salon international de l’armement à Koubinka, dans la région de Moscou, il a affirmé : «Aujourd’hui, lors de l’opération militaire spéciale, nos soldats accomplissent honorablement leurs devoirs […] et libèrent pas à pas la terre du Donbass». De très petits pas, le front est pratiquement gelé dans le Donbass où les Ukrainiens, même s’ils souffrent, empêchent la prise de Kramatorsk. Les Russes bombardent et rebombardent mais n’avancent guère. Et les pertes sont telles -aux environs de 80 000 soldats hors de combat, tués ou blessés- que Moscou malgré la promesse de salaires mirobolants et l’obligation faites aux « sujets » de la Fédération d’envoyer des brigades, les Bouriates, Ingouches, Kalmouks, Tchouvaches, Khakassiens ou autres ne se pressent pas pour s’enrôler.
Dans le sud, du côté de Kherson, les contre-attaques ukrainiennes mettent les forces russes en difficulté. Elles peuvent être coupées de leurs lignes d’approvisionnement, prises au piège. Et les attaques, plus ou moins mystérieuses, se multiplient en Crimée. Un nouveau front…
En réalité, rien ne se déroule comme le voulait Vladimir Poutine. Il en est contrarié, agacé. Une « guerre irrégulière » est imposée par les Ukrainiens qui résistent, étonnent, ne cèdent rien. A la guerre d’artillerie s’ajoutent les sabotages, les harcèlements, les actions de commandos. Poutine est quelque peu impuissant et le fait qu’il accuse les Etats-Unis de « faire traîner le conflit » et de chercher à « déstabiliser » le monde avec les visites de Nancy Pelosi puis d’élus à Taiwan, ressemble plus à un aveu de faiblesse, à un besoin de se raccrocher à des alliés. Certes, la Russie n’est pas isolée, mais la Chine ne l’aide pas. Son souci n’est pas l’Ukraine mais davantage l’Occident et elle préfère une Russie affaiblie à qui elle achèterait à vil prix des matières premières, du gaz, du pétrole…
A Koubinka, le président russe s’est mué en VRP pour vanter la « fiabilité », la « qualité » de ses armes, et leur « efficacité » testée dans des « conditions de combat réelles ». Aux dirigeants des États « qui ne fléchissent pas devant une soi-disant hégémonie » et « font preuve d’un vrai caractère viril », il a proposé « les types d’armes les plus modernes, des armes d’infanterie aux engins blindés, en passant par l’artillerie, l’aviation de combat ou les drones ».
Les Ukrainiens et leurs alliés ont sans aucun doute souri en écoutant ou lisant ces propos. Comment se fait-il que ces armes efficaces et modernes ne peuvent, en presque six mois, venir à bout de cette Ukraine qui devait tomber en quelques jours ? La qualité, la fiabilité, l’efficacité sont à revoir… De sa tribune à Koubinka, Vladimir Poutine pouvait voir les drones iraniens exposés, ceux-là mêmes qu’il veut acheter parce que plus performants que les siens.
Le maître du Kremlin ne peut changer de discours sans admettre qu’il est en échec. Jamais il ne le voudra. Mais jusqu’où son impatience, son dépit le pousseront ? Danger…