Encore deux changements de pied de Donald Trump, à croire qu’il se couche ou se lève en se demandant comment il va marquer l’actualité mondiale, rester à la « une » des médias. Et il réussit même si l’on préférait l’oublier un peu…
On s’attendait à ce qu’il recule sur ses 50% de droits de douane imposés à l’Union européenne car ce n’était vraiment pas très sérieux ni profitable aux Américains. Dans son narratif, le président américain a été « gentil » en donnant du temps quémandé par Ursula von der Leyen au nom des 27. Reste à voir ce qui va se passer d’ ici à la nouvelle date butoir fixée au 9 juillet.
Plus surprenante est cette affirmation : « quelque chose est arrivé » à Vladimir Poutine, il est « devenu complètement fou ». Et il poursuit : « J’ai toujours dit qu’il voulait toute l’Ukraine, pas seulement une partie, et peut-être que cela se révèle juste, mais s’il le fait, cela mènera à la chute de la Russie ! ». Trump ne peut s’empêcher de tout tourner à son avantage. Il reprochait à Zelensky d’avoir commencé la guerre et, en février, il disait encore que la Russie se serait « satisfaite d’un morceau » de territoire, mais aurait été encouragée à aller plus loin à cause de « l’incompétence et la stupidité » de l’administration Biden. Il refusait aussi de traiter Moscou d’ « agresseur ».
Le 19 mai, il commentait ainsi son entretien téléphonique avec son homologue russe : « le ton et l’esprit de la conversation étaient excellents. Si ce n’était pas le cas, je le dirais maintenant, plutôt que plus tard. » Aux Européens, il confiait cependant que Vladimir Poutine ne voulait pas la paix en Ukraine, persuadé de pouvoir encore gagner la guerre. Mais il excluait des sanctions contre Moscou alors qu’il en parlait la veille. Il privilégiait les futurs échanges commerciaux avec la Russie au « potentiel illimité ». Dans le même temps, il acceptait que les négociations russo-ukrainiennes soient basées sur un mémorandum dans lequel le Kremlin présenterait ses exigences pour parvenir à la paix…
Il n’est rien arrivé à Poutine qui, lui, ne change pas d’avis. Ce 19 mai, il relevait que « la position de la Russie est claire dans l’ensemble. Ce qui nous importe, c’est d’éliminer les racines de cette crise ». Il rappelait que l’Ukraine doit renoncer à rejoindre l’Otan, abandonner quatre de ses régions partiellement contrôlées par la Russie, en plus de la Crimée annexée en 2014, et que les livraisons d’armes occidentales doivent cesser.
Le monde qui commence à avoir l’habitude de ces revirements du président américain se demande quelles en seront les conséquences, quels actes vont suivre les mots. Et le doute monte sur sa crédibilité. Préoccupant quand on parle du dirigeant du pays le plus puissant du monde.