Même pas mal, même pas peur : la Russie va bien, les dollars pleuvent dans les caisses, le chômage bat son record à la baisse, le pic des difficultés dues aux sanctions occidentales est passé et ces dernières vont se retourner contre ceux qui les prennent, tel « un boomerang ». Ils ne respectent pas « les règles civilisées » et risquent une « explosion » sociale du fait du mécontentent à venir des populations.
A Vladivostok, lors du Forum économique oriental, Vladimir Poutine a répété qu’il était « impossible d’isoler la Russie » et que ce sont bel et bien les Occidentaux qui « menacent le monde ». Il n’a pas parlé d’Ukraine et de guerre et a mis en avant la bonne volonté totale de son pays. « Donnez-nous une turbine et demain nous relancerons Nord Stream ». Et il a accusé les Européens de garder pour eux les céréales exportées d’Ukraine au risque de provoquer une « catastrophe humanitaire ». « Je vais en parler à Erdogan, il faudrait peut-être revoir l’accord ».
En fait, le président russe, de plus en plus lisible, s’adressait non pas aux dirigeants occidentaux, mais aux opinions publiques qu’il veut convaincre de lâcher leurs dirigeants. En Italie et en France , les extrêmes droites ne cachent plus leur hostilité aux sanctions contre productives. Il souhaite toujours provoquer une division de cette Europe qu’il voyait faible et décadente. Il s’adressait aussi à Recep Tayyip Erdogan qui joue son propre jeu, mange à tous les râteliers pour tenter de sauver sa présidence l’an prochain. Il s’adressait aux Africains qui attendent toujours des céréales et voient la famine approcher, aux pays qui n’ont pas pris parti pour qu’ils rejoignent la nouvelle alliance à laquelle il aspire. Pas gagné car la Chine, qui a trop besoin des marchés occidentaux, refuse de s’engager et que l’Inde serait plutôt sur le reculoir après des avertissements américains. Les Africains ne seront pas dupes longtemps…
Poutine n’a pas parlé de l’Ukraine où ses forces piétinent face à une armée ukrainienne qui songe maintenant à une victoire militaire qui commencerait dans la région de Kherson où les pro Russes locaux n’envisagent plus de référendum, contrairement à Russie Unie, le parti poutinien. Il a omis de dire que l’économie russe souffre vraiment, que ses amis orientaux ne peuvent lui fournir les pièces détachées manquantes, les puces, les équipements, les munitions… Son ministre de l’Economie avoue que le chômage va progresser. D’ailleurs, le secteur automobile s’écroule et les centaines de milliers d’ouvriers en chômage technique ne figurent pas dans les chiffres actuels.
A la recherche éperdue d’alliés, soucieux de cacher la vérité, la réalité aux Russes qu’il inonde sous sa propagande, Vladimir Poutine pratique la fuite en avant. Certes, les Européens vont souffrir. Mais pas que du fait de la guerre en Ukraine…
Même pas mal, même pas peur. Si, la Russie a mal. Si, Poutine a peut-être peur de ce qui peut survenir. Ses propos en témoignent…