Par Sayda BEN ZINEB
Invités à Tunis par la Délégation Wallonie Bruxelles conduite par Mme Rajae Essefiani, Déléguée Générale, les auteurs belges Virginie Prevost et Axel Derriks viennent de présenter leur livre paru récemment à Londres, « Résistance et dévotion. Anciens sanctuaires ibadites de Djerba » (British Institute for Libyan and Northern African Studies, 2023), dont la version tunisienne sera prochainement disponible dans nos librairies grâce à un contrat signé avec Cérès Editions, nous précisent-ils.
Les deux auteurs qui ont sillonné notre pays de long en large sur les pas des Ibadites, ne sont pas à leur première collaboration puisqu’ils ont signé d’autres travaux ensemble, (elle, en tant qu’écrivaine et lui, en tant que photographe), dont « Djerba Absolument » (Cérès Editions 2022).
Un long travail de sensibilisation
Historienne de l’art et docteur en islamologie, Virginie Prevost est auteure d’une thèse de doctorat (ULB, Belgique, 2002) consacrée aux ibadites du Sud tunisien entre le 8ème et le 13ème siècle, d’où son intérêt porté aux aspects de la civilisation ibadite, ancienne et contemporaine, et tout spécialement, à l’architecture qu’ils ont créée à Djerba. En filigrane, l’auteure dénonce « la destruction et la dispersion du patrimoine architectural de Djerba où diverses mosquées sont endommagées, victimes de dégradations volontaires, pillages, profanation ou de confiscation arbitraire du lieu de culte », affirme t -elle.
Ces constructions épurées, issues d’un mouvement pacifique qui puise ses racines en Irak au 8ème siècle, sont effectivement menacées de destruction, malgré leur valeur patrimoniale et le travail de sensibilisation auquel Virginie Prevost et son complice photographe Axel Derriks se livrent depuis quelques années. « Leur dernier ouvrage permet un formidable voyage dans l’espace et le temps», selon les critiques.
Bien qu’ils soient quasiment inconnus aujourd’hui, les Ibadites représentent la troisième branche de l’islam à côté du sunnisme et du chiisme. Il s’agit d’un mouvement ancien issu historiquement du kharidjisme, un courant aujourd’hui totalement disparu mais très important dans le passé en raison de son opposition au pouvoir califal. Les auteurs belges ne se sont pas limités au cas de la Tunisie, ils ont étendu leur domaine de recherches aux autres régions qui ont été marquées par l’ibadisme, tant au Maghreb (Mzab en Algérie et Djebel Nefoussa en Libye ), qu’au sultanat d’Oman.
Tout leur travail (que l’ambassade de Belgique à Tunis soutient et propulse) repose au fait sur un coup de foudre que les auteurs ont eu pour l’architecture ibadite et tente grâce à de nombreux documents inédits, de reconstituer l’histoire des Ibadites tout en proposant une réflexion sur la mémoire locale de Djerba, île inscrite sur le patrimoine mondial de l’UNESCO. Une leçon d’histoire édifiante à tous les niveaux !
