Il est pour le moins paradoxal, voire absurde, que ce soit Ennhdha qui œuvre pour la réconciliation, et que ce soit le PDL de Abir Moussi ,qui s’y refuse. Obstinément et de la manière la plus ostentatoire.
Mais personne n’est évidemment dupe des mobiles des uns et des autres et des raisons véritables qui les poussent à adopter les positions qui sont respectivement les leurs.
Il y a d’abord Ennahdha de Rached Ghannouchi qui a compris très tôt que l’on ne gouvernerait plus ,désormais, la Tunisie comme on l’avait gouvernée avant janvier 2011.C’est à dire avec avec UN SEUL chef et UN SEUL parti.Ce temps là est bien révolu et la roue de l’histoire a tourné.Aussi,est-ce en connaissance de cause sur les nouvelles réalités du pays que le fondateur d´Ennahdha et actuel Président du parlement a inventé et développé le concept d’ «Attawafouk »qui se situe entre le consensus et la compatibilité, et qui appelle simplement à un« gouverner-ensemble ».S’y refusant avant de céder malgré des résultats des plus avantageux aux élections législatives, le Président Béji Caïd Essebsi, vieux routier de la politique devant l’éternel,dira plus tard qu’il avait accepté de gouverner avec Ennahdha pour sauver le pays et consolider le choix démocratique.
Plus que jamais attaché à ce principe du gouverner-ensemble,Rached Ghannouchi qui cultive savamment son image de grand sage,semble résolu à entrer dans l’histoire par la grande porte,celle de de réaliser la réconciliation nationale.Y compris avec les rcdistes, les anciens du parti, dissout, de Ben Ali ,et que Abir Moussi prétend aujourd’hui représenter.
Or justement c’est Abir Moussi qui rejette le projet de cette réconciliation pour laquelle Ghannouchi a mis à contribution Mohamed Ghariani,le dernier SG en date du RCD et donc ancien patron de la truculente présidente du PLD.
Pourquoi donc ce rejet? On n’a pas besoin d’être super intelligent pour le comprendre.
Abir Moussi sait qu’il est plus facile-et surtout plus sûr-de se faire distinguer par le refus que par l’acceptation.Alors elle dit non, à tout ,à tous et tout le temps.C’est bien sûr plus facile, et d’autant plus rentable ,d’ailleurs, que les difficultés économiques et sociales que traverse le pays poussent à la contestation et à la fronde en aidant à l’émergence des déçus de la Révolution qui cherchent à dire leurs désillusion et à exprimer leur désespérance.En fait,la présidente du PLD capitalise sur l’adversité et la difficulté.Confortée dans son approche par des sondages favorables, elle s’est inscrite dans une inquiétante fuite en avant.
On connaît l’aboutissement de ce comportement.On sait surtout les conséquences néfastes de considérer l’adversaire politique comme un ennemi et de lui nier toute légitimité en cherchant à l’affronter d’une manière constante et inconditionnelle.Et qui mieux que les les anciens du RCD connaissent cette vérité?
Aujourd’hui, demain et toujours, notre salut est et sera dans notre unité nationale.Cette unité passe inéluctablement par la réconciliation nationale qui ouvrira véritablement les potes de l’avenir en conjurant les fantômes du passé.