C’était dans l’air. C’est désormais un fait: le Sommet de la francophonie prévu à Djerba le 20 et le 21 novembre, n’aura pas lieu. Il est reporté d’une année avec maintien des date et lieu, soit donc pour novembre 2022 à Djerba.
Déjà, une ambiance détestable régnait depuis quelques jours autour de cette manifestation qui n’a pu échapper à l’influence de la situation politique prévalant depuis le 25 juillet et marquée de plus en plus par un clivage profond et tendu entre partisans et opposants aux mesures exceptionnelles prises par Kaïs Saied. Le Président de la république n’a pas lui-même caché ses doutes concernant la tenue de ce Sommet, dénonçant dans son allocution à l’occasion de l’installation, lundi dernier, du nouveau gouvernement, les tentatives de « certaines personnalités de gâcher les relations de la Tunisie avec la France »au sujet justement de cette manifestation francophone.
Les autorités françaises ont-elles été sensibles aux arguments des détracteurs du Président? Il faut croire que oui, puisque le Sommet est reporté. Et c’est dans le même temps un échec pour la diplomatie tunisienne qui voit s’évanouir une occasion de choix de choix pour renforcer le partenariat de notre pays avec les 80 pays membres de l’Organisation internationale de la francophonie, qui auraient dû être présents sur l’île, et promouvoir son image de pays aux possibilités illimitées auprès notamment des gouvernements de notre continent africain.
Car il ne faut pas l’oublier: la francophonie est aussi une idée tunisienne née en 1970, de la volonté de leaders historiques africains dont Habib Bourguiba pour certes promouvoir la langue française, mais aussi promouvoir la démocratie et les droits de l’homme et développer l’éducation, la recherche et la coopération.
La langue française a été et demeure une chance pour nos jeunes et un un atout supplémentaire pour notre pays à la tradition d’ouverture millénaire. Elle constitue une passerelle merveilleuse de communication et de culture qu’il faut préserver à tout prix.
Il est vrai qu’un vent mauvais souffle sur les relations de certains pays de la région maghrébine avec l’ancienne puissance coloniale française. Mais la Tunisie, pays fondamentalement maghrébin, a cependant son histoire propre et ses intérêts bien compris. Il nous faut donc rester attachés à notre sens de la réalité et éviter de s’engager dans les batailles don quichottesques inutiles et sans effet.
Par Mohcen Lasmar