En 2009, à ceux qui protestaient contre la réélection du « dur » Mahmoud Ahmadinejad, il avait lancé: » À qui nous parle de compassion islamique et de pardon, nous répondons : nous allons continuer d’affronter les émeutiers jusqu’à la fin et nous déracinerons la sédition ». Évoquant en 2019 son « œuvre » devant les commandants des Gardiens de la révolution, il expliquait : « Nous ne nous couperons pas les doigts de ceux qui sont corrompus; nous allons leur couper toute la main ».
Né en 1959, Ebrahim Raïssi s’est immédiatement rallié à la révolution de l’imam Khomeini. A 19 ans, il était nommé juge, à 20 ans, il était procureur, chargé de la répression. Il ne cessait de monter en grade et en 1988, faisait partie de la tristement célèbre « commission de la mort »qui, sur ordre de Khomeini, a fait exécuter quelque 30 000 membres de l’organisation des Moudjahidine du peuple. A l’époque, l’ayatollah Montazeri leur dira: «L’histoire nous condamnera et retiendra votre nom en tant que criminels ». Cela n’empêche pas Ebrahim Raïssi de poursuivre son ascension en fidèle exécutant des décisions supérieures. Le nouveau guide suprême, l’ayatollah Khamenei le récompensera en le nommant chef du pouvoir judiciaire, poste qu’il occupe encore à ce jour. Jamais, il n’a été élu. Lors de la présidentielle précédente, il s’était présenté et avait recueilli 38% des suffrages.
Il se présente comme le champion de la lutte anticorruption et des défavorisés, il promet une vie meilleure et davantage de libertés. Bien peu d’Iraniens accordent du crédit à cet ultraconservateur partisan de l’ordre. Le Trésor américain l’a placé dans sa liste de personnalités sous sanctions. En Occident, certains le considèrent comme « terroriste ».
Toujours coiffé du turban noir des seyyed (les descendants de Mahomet), vêtu d’un long manteau de religieux et le nez chaussé de fines lunettes, hodjatoleslam Ebrahim Raïssi est marié à Jamileh Alamolhoda, professeure de sciences de l’éducation à l’université Chahid-Béhechti de Téhéran, avec laquelle il a eu deux filles diplômées du supérieur.
Paradoxe: Raïssi serait prêt à renouer le dialogue sur le nucléaire avec les Américains. Le guide suprême qui détient tous les pouvoirs y serait favorable. Après la présidence, Raïssi viserait la succession de celui dont il a suivi les enseignements -Khamenei va avoir 82 ans. Là aussi, il fait figure de favori, mais la question est de savoir si le régime tiendra encore longtemps…