Les forces russes opèrent un « retrait rapide » des régions de Kiev et Tchernigov, dans le Nord de l’Ukraine, et ont pour objectif de « prendre pied dans l’Est et le Sud », a estimé samedi un conseiller de la présidence ukrainienne, Mykhaïlo Podoliak. « Après un retrait rapide des Russes des régions de Kiev et de Tcherniguiv et aussi compte tenu de tous les mouvements et concentrations de troupes d’occupants, il est tout à fait clair que la Russie a choisi une autre tactique prioritaire », a-t-il écrit sur la messagerie Telegram. Il s’agit de « se replier vers l’Est et le Sud, garder le contrôle de vastes territoires occupés (non seulement dans les régions de Donetsk et Lougansk) et y prendre pied de façon puissante », poursuit-il. L’objectif de Moscou est de « prendre pied dans l’Est et le Sud et de dicter durement ses conditions », estime-t-il. « Nous ne pouvons certainement pas nous passer d’armes lourdes si nous voulons débloquer l’Est et Kherson (région du Sud, ndlr) et repousser les Russes le plus loin possible », souligne-t-il. Des batailles de grande ampleur s’annoncent dans l’est et le sud de l’Ukraine, en particulier pour le contrôle de Marioupol, a déclaré un autre conseiller de la présidence ukrainienne, Oleksiy Arestovych. S’exprimant sur une chaîne de télévision publique, il a ajouté que les troupes ukrainiennes présentes autour de Kiev avaient repris plus de trente villes et villages dans la région et tenaient la ligne de front à l’est face aux forces russes. Une reconquête difficile : à Irpin, la quasi-totalité des bâtiments a été détruite. Les pilonnages ont fait sauter d’énormes morceaux d’immeubles modernes aux couleurs pastel. Les rues brumeuses sont étrangement vides, où seuls bruissent des chiens errants et des corbeaux. Les pare-brises des voitures sont éclatés. «C’est l’apocalypse », dit un soldat ukrainien.
A Washington, le Pentagone a annoncé qu’il va fournir jusqu’à 300 millions de dollars supplémentaires d’aide militaire à l’Ukraine, des systèmes de missiles guidés par laser, des drones « kamikazes » Switchblade, ainsi que des drones légers de type Puma.
A Pékin, une diplomate a affirmé que la Chine » ne fait rien pour délibérément contourner les sanctions imposées à la Russie ».
A Marioupol, la Croix-Rouge tente toujours de procéder à des évacuations de civils. Plus de 3.000 personnes ont pu être « sauvées » de la cité portuaire, a affirmé le président ukrainien Volodymyr Zelensky via une vidéo diffusée dans la nuit de vendredi à samedi. « Aujourd’hui (vendredi), les couloirs humanitaires ont fonctionné dans trois régions: Donetsk, Lougansk et Zaporojie. Nous avons réussi à sauver 6.266 personnes, dont 3.071 de Marioupol », a-t-il dit. Vendredi soir, l’AFP avait observé une trentaine de bus d’évacuation entrer dans la ville de Zaporojie, certains d’entre eux transportant des personnes qui avaient fui Marioupol par leurs propres moyens, puis avaient été emmenées en bus vers le territoire contrôlé par l’Ukraine. Ces habitants de Marioupol avaient réussi à rejoindre la ville de Berdiansk, occupée par les forces russes, où elles avaient été prises en charge par le convoi, selon les témoignages d’arrivants à l’AFP et des responsables officiels. Sept couloirs devaient être ouverts aujourd’hui.
Vendredi soir, le président Zelensky avait dit sa « reconnaissance » à Roberta Metsola, la présidente maltaise du Parlement européen, d’être venue « héroïquement » et « personnellement » à Kiev, en l’accueillant dans la capitale ukrainienne où il est retranché depuis la fin février. Mme Metsola, élue présidente du Parlement européen le 18 janvier, est le premier dirigeant d’une institution européenne à se rendre dans la capitale ukrainienne depuis le début de l’invasion russe le 24 février.
On a appris ce samedi en début d’après-midi que Max Levine, photographe et documentaliste ukrainien chevronné, a été retrouvé mort après le retrait de troupes russes d’un territoire proche de Kiev. « Il a disparu dans la zone des hostilités le 13 mars dans la région de Kiev. Le 1er avril, son corps a été retrouvé près du village de Gouta Mejyguirska », à quelques dizaines de kilomètres au nord de la capitale, a annoncé sur Telegram le chef de l’administration présidentielle Andriï Iermak. C’est le sixième journaliste tué depuis le 24 février.
En Russie, plus de 170 personnes ont été arrêtées ce samedi pour des actions de protestation contre l’offensive russe en Ukraine, a indiqué l’ONG OVD-Info spécialisée dans le suivi des arrestations dans le pays. « Plus de 178 personnes ont été arrêtées dans 15 villes russes », a déclaré l’ONG dans un communiqué. Des arrestations ont eu lieu notamment dans un parc de Moscou lors d’un sit-in contre l’offensive russe en Ukraine et à Saint-Pétersbourg (Nord-Ouest) lors d’un rassemblement similaire, dans le cadre d’une action nationale annoncée sur les réseaux sociaux. Par ailleurs, selon les Américains, Poutine aurait placé plusieurs de ses conseillers en résidence surveillée, mais il n’y a pas de « preuves irréfutables ».
En Ukraine, la vice-première ministre ukrainienne, Iryna Verechtchouk, a accueilli aujourd’hui les militaires prisonniers. L’Ukraine avait annoncé, vendredi, avoir procédé à un échange de 86 de ses militaires contre des Russes, sans préciser le nombre de ces derniers. « Un échange vient d’avoir lieu, 86 militaires ukrainiens dont quinze femmes sont déjà en sécurité », avait annoncé dans une courte vidéo, postée sur les réseaux sociaux, Kyrylo Tymochenko, le chef adjoint de l’administration présidentielle ukrainienne.