Aujourd’hui un satellite est envoyé dans l’espace avec pour mission de mettre progressivement à notre portée certains services qui autrement eussent coûté mille fois plus, en temps et en argent. Grâce à leur matière grise, nos jeunes des deux sexes ont su imaginer les moyens de court-circuiter des difficultés imposées par la nature des choses qui sont souvent le fait de l’espace et du temps. Ainsi la besogne dont la maturation nécessitait un mois s’accomplirait en quelques secondes en cliquant sur un ordinateur ou une tablette, sans bouger du fauteuil où il nous plaît de nous prélasser.
Le même jour on entend un dialogue qu’on croyait d’une époque révolue, entre un journaliste et un médecin et dont le thème est le vaccin et l’arrivée imminente du mois de Ramadan. Et le journaliste de s’inquiéter que la venue en force des vaccins corresponde à un moment où le devoir d’abstinence est la règle. Interprète d’un pan de la population dont l’ignorance et la bigoterie sont le lot consubstantiel, sa question lancinante est sans doute de savoir si le vaccin est compatible avec le jeûne. Le médecin, probablement par démagogie, a abondé dans le même sens. Avec une prudente pondération, il a proposé un début de réponse. L’injection du vaccin est, dit-il, intramusculaire et non intraveineuse. C’est là un moyen de dissiper les inquiétudes, puisque le produit ne se transmet pas directement dans le sang. Mais il s’est bien gardé de donner une réponse définitive, déférant au mufti la responsabilité de pareille décision.
La question soulevée est, à coup sûr, d’une totale ineptie et la réponse du médecin qui a pris la peine d’y répondre d’une manière timorée, ne l’est pas moins. Il aurait pu se contenter de dire que tout croyant, qui estime avoir enfreint la règle, a toute latitude de faire pénitence en remplaçant un jour par un autre, si cela lui agrée.
Toute radio qui se respecte devrait éviter qu’on fasse étalage de tant d’inepties propres à entretenir une propension tentaculairement rampante à la bigoterie avec tout l’attirail de superstition et de fanatisme qui en est l’apanage.