Par Sayda Ben Zineb
La semaine dernière à la Cité de la culture, Easy Distribution, (boite de distribution cinématographique dirigée par la jeune réalisatrice Nada Mezni Hfaiedh « Take my breath ») a eu la délicatesse d’inviter les représentants des médias à une projection presse du long métrage saoudien « To my son » (A mon fils) en présence de la grande Star, Dhafer El Abidine, acteur, réalisateur et scénariste. Une entrée en force réservée à ce film, avec trois avant-premières à Pathé Tunis City, Pathé Mall Sousse et Pathé Azur City.
Produit par O3 MEDYA et DOUBLE A PRODUCTIONS, réalisé et joué par Dhafer El Abidine, le film prône un regard introspectif sur la diaspora saoudienne. Il invite le public à découvrir la culture, les traditions et le « way of life » saoudiens. Mais, au fond, une histoire très douloureuse qui peut arriver à n’importe qui et dans n’importe quel pays et qui ne manquera pas de susciter l’intérêt du public.
C’est la destinée de Fayçal, Saoudien portant la nationalité britannique vivant à Londres avec son fils de sept ans, Adam. Après la disparition de sa femme suite à un drame, il décide de retourner au bercail. Ainsi, il plaque tout, son emploi dans une grande entreprise de publicité, collègues et amis et ramène son fils dans son pays d’origine. Il faut dire qu’il n’y est plus retourné depuis le jour où il a quitté Abha, une ville au sud de l’Arabie Saoudite et son fils n’y a jamais mis les pieds. Ses deux sœurs et son jeune frère trisomique étaient ravis de le retrouver sauf le père Ibrahim. Ce dernier en veut à son fils d’avoir abandonné toute la famille pour poursuivre ses rêves et doute des motivations de son retour parmi les siens. Fayçal porte au fond de lui-même un lourd secret ; il est souvent hanté par des cauchemars de noyade qui deviennent une obsession.
Le film a eu sa première mondiale au mois de décembre 2023 au Festival international du film de la Mer Rouge où il a été chaleureusement accueilli. Dhafer El Abidine, réalisateur d’un premier long métrage à succès intitulé « Ghodwa » (Demain), plonge les spectateurs dans des scènes à couper le souffle. Tourné à Londres puis en grande partie à Djeddah et Abha, « To my son » nous offre à voir la beauté naturelle du pays. Cette ville pittoresque et montagneuse est appréciée, parait-il, par de nombreux Saoudiens. Pour nous autres, c’est un joyau caché qui n’a pas été exploré, jusqu’à « A Mon Fils ».
Le film traite en filigrane de différents thèmes. Il pose un dilemme moral : jusqu’où êtes-vous prêts à renoncer à votre bonheur individuel pour celui de vos proches ? Il met en lumière la composante familiale d’un foyer saoudien et montre à quel point les femmes semblent résignées, voire même « effacées », prêtes à sacrifier rêves et ambitions, par soumission, ce qui est en contradiction avec les dernières mesures « progressistes » prises en faveur de la femme dans ce pays.
« To my son » reste un beau film à voir servi par un casting intéressant et une équipe technique tunisienne, très largement soutenu par le jeu et le travail de Dhafer El Abidine qui a réussi comme toujours d’ailleurs, à y incorporer une petite touche tunisienne. A ne pas manquer, il est actuellement dans les salles de cinéma à Tunis et Sousse.