Le président algérien aimerait bien que son pays rejoigne les Brics « car ils permettent de s’éloigner de l’attraction des deux pôles ». A-t-il bien compris ce qu’il dit, s’est-il mal exprimé ? Les Etats-Unis et ses alliés constituent incontestablement un pôle que beaucoup accusent de vouloir imposer au monde son leadership. Mais quel est l’autre ? Dans le contexte actuel de guerre en Ukraine, l’autre pôle s’articule autour de la Russie. Et avec Xi Jinping, Poutine ne cache pas qu’il veut représenter une alternative pour « une véritable démocratie ». Et la Russie, la Chine, ce sont deux des Brics, avec le Brésil, l’Inde et l’Afrique du Sud. Il y aurait comme une contradiction : comment se rapprocher des Brics en se détachant de l’attraction du deuxième pôle, de la Russie. Ou alors, il faudrait que Abdelmadjid Tebboune nomme son deuxième pôle. S’il existe…
Qu’il souhaite rejoindre les Brics, au départ groupe de pays émergents, n’a rien d’anormal et l’Arabie saoudite, la Turquie et l’Egypte sont également intéressés. Mais en ajoutant que les Brics sont une force politique, Tebboune change de cadre et prouve qu’il engage de plus en plus son pays du côté de la Russie. Même s’il fait les yeux doux aux Américains pour attirer des investisseurs.La Russie drague ouvertement l’Algérie qu’elle aimerait bien voir basculer dans son camp. Tebboune et ses généraux se laissent séduire par le retour de cet allié de longue date.
Le président algérien ferait bien de s’expliquer, de préciser ses propos. Que la Tunisie devrait suivre avec attention. En effet, Tebboune soutient fermement Kaïs Saïed qui « représente la légitimité en Tunisie ». L’Algérie, qui entend aider économiquement, cherche aussi un ascendant politique. Tunis en voie d’être dominé par une Algérie pro-Russe ? On s’éloignerait encore plus de l’équilibre diplomatique prôné naguère, depuis Bourguiba. Un danger ?