Par Naoufel Ben Aissa
Alors que nos gouvernants adoptent la politique de la terre brûlée au risque de mener tout le pays dans l’abîme, Ons Jabeur, notre tenniswoman désormais légendaire, a réussi à redorer le blason de la Tunisie, et à hausser son drapeau, sur terre battue. Depuis quand n’a-t-on pas vécu une telle joie ? Depuis quand n’a-t-on pas connu un tel honneur ? Comme quoi, il suffit aux tunisiens d’être ailleurs qu’en leur pays pour prouver qu’ils n’ont à envier aux étrangers.
Chercheurs, sportifs, médecins, maçons, interprètes, cuisiniers, ingénieurs, pilotes, aides-soignants, consultants, experts économiques ou financiers, banquiers, enseignants, universitaires, journalistes, artistes ou sportifs, ils relèvent le prestige de leur pays et ça ne date pas d’aujourd’hui.
Béchir Torki (1931-2009), le physicien, et Hichem Djait (1935-2021), historien, penseur et académicien dont les livres sont traduits en plusieurs langues et sont publiés dans plusieurs pays de par le monde en sont des exemples. Ils étaient indésirés et même persécutés par les régimes au pouvoir de leur pays alors qu’ils étaient sollicités à l’étranger et traités avec respect à telle enseigne que le premier fut élu président la Conférence Générale de l’Agence Internationale de l’Energie Atomique en 1969 et le second était constamment invité en tant que professeur émérite dans plusieurs universités américaines et européennes, dont l’Université McGill (Montréal), l’Université Berkeley (Californie), l’Université de Naples – Frédéric-II et le Collège de France. Pourtant, le Président n’a même pas daigné assister à son enterrement. C’est ce que l’Histoire retiendra de ce dernier ; alors que de notre illustre historien, elle retiendra la valeur scientifique ajoutée à la pensée universelle car l’Histoire ne manque pas de discernement entre l’utile et le futile.
Sur le plan sportif, des athlètes de haut niveau et des champions dans leurs disciplines, à l’instar de Oussama Mellouli et Ons Jabeur, alors qu’ils enchainaient les exploits et gagnaient des titres et des médailles sur le plan international, en Tunisie, l’autorité de tutelle leur faisait des procès pour des misères ! Comme quoi, dans notre pays, on ne sait pas tirer vers le haut. Le fameux « système » condamne les gens de chez nous à passer leur vie et dépenser leur énergie à agir contre des obstacles et aberrations et jamais pour atteindre des objectifs et s’épanouir comme dans les pays où l’humanité est respectée.
Nos compatriotes qui ont réussi à s’installer ailleurs réalisent leurs vœux et réussissent à rehausser le prestige du pays. Ceux qui n’ont pas eu cette chance sont toujours rabaissés, étouffés et abusés par une charpente gouvernante et un « système » arrogant pourtant moribond. Rien qu’en une semaine, trois tunisiennes ont réussi des consécrations internationales :
- La chimiste Dr. Nada Raddaoui a décroché le Prix Monte-Carlo de la femme de l’an 2022 à Monaco,
- Khawla Mihoubi, ingénieure aéronautique, a été désignée par le Royal Air Force Collège comme meilleure étudiante étrangère de l’année,
- et Ons Jabeur a gagné le tournoi de tennis de Madrid.
Au même moment, le pays, où les désaccords ont sapé les espoirs nés voilà une décennie, est en train de brûler de partout. Alors que certains y incendient la vie à vue, que par enlisement le pays touche le fond, d’autres continuent à mener une politique de la terre brûlée !
Après les désillusions du pauvre peuple de ce qui est advenu de « la révolution de la liberté et de la dignité » du 14 Janvier 2011 et du désespoir de voir se réaliser les réformes qui intégreraient le pays dans la modernité, Ons Jabeur a réussi d’un revers à gagner son premier master et faire vivre les tunisiens un moment de joie, ne serait-ce que pour un instant. C’est déjà ça.
Merci Ons et encore Bravo.