Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken, en route pour le Moyen-Orient, fait étape en Turquie pour évoquer samedi avec le président Recep Tayyip Erdogan la guerre dans la bande de Gaza et tenter de lever les derniers obstacles à l’entrée de la Suède dans l’OTAN.
M. Blinken, arrivé vendredi soir à Istanbul, entame une nouvelle tournée régionale qui le mènera notamment en Israël, en Cisjordanie occupée et au Qatar, pour plaider en faveur d’une aide accrue à Gaza et parler des moyens d’éviter un embrasement régional, trois mois après le début de la guerre entre Israël et le Hamas.
Le président Erdogan, qui s’était absenté d’Ankara au moment de la précédente visite en Turquie de M. Blinken début novembre, reproche à Washington son soutien à Israël, dont les opérations militaires dans la bande de Gaza ont fait 22.600 morts, en majorité des civils, selon le ministère de la Santé du Hamas.
Vendredi, le département d’Etat américain a promis jusqu’à dix millions de dollars en échange d’informations concernant cinq « facilitateurs financiers » du Hamas, dont trois résident en Turquie, selon Washington.
L’épineux dossier de l’adhésion de la Suède à l’OTAN est l’autre raison de la visite d’Antony Blinken en Turquie. La commission des Affaires étrangères du Parlement turc a entrouvert fin décembre les portes de l’Alliance atlantique à la Suède mais le protocole d’adhésion doit encore être approuvé par la majorité des députés pour que soit mis fin au suspense qui dure depuis près de 20 mois.
La Turquie est le dernier membre de l’OTAN avec la Hongrie à barrer la route à ce pays scandinave. Ankara reproche à la Suède sa mansuétude présumée envers des militants kurdes réfugiés sur son sol et use de son pouvoir de blocage pour obtenir la livraison de 40 avions de combat américains F-16 et des kits de modernisation pour ceux qu’elle possède déjà.
Selon une source diplomatique à Ankara, le dossier des F-16 a figuré au cœur d’un entretien téléphonique la semaine dernière entre M. Blinken et son homologue turc, Hakan Fidan. Le parlement turc est officiellement en vacances jusqu’au 15 janvier. Toutefois, le président Erdogan a la possibilité de convoquer une session extraordinaire.
Le gouvernement américain n’est pas hostile à la vente des F-16 mais le Congrès s’y oppose jusqu’ici en raison des tensions historiques entre la Turquie et la Grèce – elle aussi membre de l’OTAN -, bien que les relations entre ces deux pays se soient réchauffées ces derniers mois.
M. Blinken, qui doit également s’entretenir à Istanbul avec le ministre turc des Affaires étrangères, fera une brève escale en fin de journée samedi en Grèce, qui s’inquiète d’une telle vente d’avions de combat à Ankara.