De violents affrontements entre groupes armés ont éclaté dans la nuit de vendredi à samedi dans la capitale libyenne Tripoli, qui vit une grave crise politique faisant craindre un nouveau conflit. Les combats, aux armes lourdes et légères, se sont déroulés dans plusieurs quartiers de la ville, sur fond de chaos politique avec deux gouvernements rivaux. Des rafales d’armes et des explosions ont retenti à Tripoli (ouest) toute la nuit, selon un journaliste de l’AFP. Six hôpitaux ont été touchés par les frappes tandis que les ambulances n’ont pas pu accéder aux zones de combats, annonce le ministre de la Santé. Il fait état de 12 morts et de 87 blessés. Ces combats sont d’une ampleur sans précédent depuis l’échec en juin 2020 de la tentative du maréchal Khalifa Haftar, homme fort de l’Est, de conquérir militairement la capitale, au plus fort de la guerre civile ayant suivi la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011.
Le gouvernement basé à Tripoli impute la responsabilité des affrontements au camp du gouvernement rival, soutenu par le maréchal Haftar, alors même que « des négociations devaient avoir lieu pour éviter une effusion de sang dans la capitale« . Le bureau des médias de Fathi Bachagha a, en retour, accusé le gouvernement de Tripoli de « s’accrocher au pouvoir« , l’accusant d’être « illégitime« . Il a aussi démenti toute négociation avec son rival en vue d’un accord. Des médias locaux ont affirmé qu’une alliance de milices pro-Bachagha était en route vers la capitale depuis Misrata, à 200 km plus à l’est, ville-bastion des deux rivaux
Dans l’ouest du pays, certaines milices soutiennent le chef du gouvernement qui est basé à Tripoli, Abdelhamid Dbeibah, et d’autres le chef du gouvernement rival Fathi Bachagha, qui se trouve à Syrte (centre) et considère comme «illégitime» l’exécutif en place dans la capitale. Depuis sa désignation en février par le Parlement siégeant dans l’Est, M. Bachagha tente, sans succès, d’entrer à Tripoli pour y asseoir son autorité, menaçant dernièrement de recourir à la force pour y parvenir. On ignore si ces nouveaux combats entrent dans une tentative de cet ancien ministre de l’Intérieur de prendre le pouvoir à Tripoli.