Un jour prochain, qu’on espère le plus proche possible, il faudra faire le bilan de l’incidence de cette pandémie inattendue et dévastatrice qu’est le covid-19.
On ne doute d’ailleurs pas des répercussions considérables que cette pandémie a eu-et continue d’avoir-sur tous les domaines économique, social ou commercial. On n’ose pas imaginer son terrible impact particulièrement sur la famille, sa préservation et sa cohésion, et sur les catégories les plus fragiles tels que les enfants ou les adolescents. Des chiffres publiés ici ou là sur la désintégration de la famille, la violence intrafamiliale ou le féminicide, donnent la mesure de l’étendue des dommages causés par le virus dans un laps de temps aussi court.
Rien cependant de sérieux ne semble être entrepris pour évaluer avec exactitude les dégâts et pour surtout apporter les solutions d’avenir.
De ce point de vue, la pandémie a agi comme un révélateur du niveau d’indigence de la culture dans notre pays. On pensait être bien loti dans ce domaine et disposer des ressources à la mesure de notre histoire multimillénaire et de notre ambition de peuple précurseur. Erreur. Nous n’avons pas de culture, pas de stratégie, pas de vision, ni à long ni à court terme. Nous n’avons pas de production culturelle. Nous n’avons pas d’habitudes culturelles. Du bluff, voilà ce que nous avons.
En fait, depuis des décennies on n’a fait que mentir. Et malgré les chiffres sur la multiplication des espaces et des soi-disant centres culturels, malgré toutes ces troupes qui pompent le budget d’un Ministère de la culture aux structures et au fonctionnement vieillots et dépassés et souvent réduit à jouer l’hospice pour artistes démunis, et malgré tous ces festivals qui n’arrêtent pas de se reproduire, la culture comme offre de produits et de services participant à l’amélioration de la connaissance, à l’élargissement de l’esprit et à l’élévation du goût est inexistante, ou presque.
Il a suffi qu’on décide l’annulation de ces festivals pour que la vérité sorte nue : nous n’avons pas de culture consacrée dans des œuvres capables de réunir les Tunisiens et de les faire vibrer ensemble. N’est-ce pas le rôle de la culture de susciter ces moment d’émotions et de communion et d’en faire des occasions privilégiées pour renforcer la mémoire collective et l’unité nationale ?
Notre pays a été parmi les premiers à saisir l’importance de l’instrument informatique dans la création d’un noyau d’industrie culturelle appelée à se développer et à s’enrichir. Mais on est resté là les bras ballants entre une indigente production festivalière qui ne profite qu’à une petite minorité, et une “culture” de masse charriée par des télévisions commerciales prêtes à toutes les bassesses et les médiocrités pour améliorer leur taux d’audience.
Que peuvent faire aujourd’hui des adolescents tunisiens qui n’ont rien à faire ?
Lire ? Faire du théâtre ? Apprendre à jouer d’un instrument de musique ? S’initier à la peinture ? Découvrir l’histoire et les monuments du pays ?
Rien de tout cela ne leur est possible, car depuis des décennies on s’est employé à utiliser l’argent public pour créer une sous-culture d’occasions sans impact et sans intérêts.Pour créer le vide.
Reste pour l’adolescent à choisir entre facebook et une émission de talk-show sur une chaîne télévisuelle où le mauvais goût le dispute à la vulgarité.