Au début de l’été, l’annonce est quasi passée inaperçue. Tandis que la réélection d’Erdogan et la crise économique faisaient la une des journaux, des «conseillers spirituels» ont été affectés dans les écoles d’Izmir. Selon le quotidien indépendant BirGün, des prédicateurs et des chargés d’instruction du Coran de la Direction des affaires religieuses (Diyanet) ont pris leurs fonctions dans 842 établissements de cette région située au bord de la mer Égée.
Les provinces d’Eskisehir et d’Aydin seraient également concernées, souligne le quotidien français Le Figaro. Le projet s’inscrit dans la continuité d’un protocole, signé quelques mois auparavant avec le département d’éducation local, intitulé «Je suis sensible à mon environnement, je revendique mes valeurs». Une lettre, adressée aux écoles, en définit les objectifs: «Contribuer à l’éducation des élèves en tant qu’individus physiquement et socialement équilibrés qui adoptent et protègent les valeurs nationales, spirituelles, morales, humanitaires et culturelles avec un esprit, un cœur et une approche sains.»
Le syndicat des enseignants de gauche, Egitim Sen, est aussitôt monté au créneau. «Bien qu’il existe des conseillers, ainsi que des enseignants dispensant une culture religieuse et éthique dans nos écoles, la nomination de personnes sans aucune formation pédagogique est illégale», s’est insurgé Necip Vardal, à la tête de la branche d’Izmir, en dénonçant l’ingérence croissante du religieux dans l’éducation turque.