La situation des journalistes a empiré après le séisme en Turquie du fait de l’état d’urgence, selon l’International Press Institute (IPI), organisation de défense de la liberté de la presse qui redoute davantage de pressions à l’approche des élections mi-mai.
« La liberté d’expression s’est dégradée au fil des années en Turquie et l’état d’urgence a ajouté des complications supplémentaires pour les journalistes », a affirmé mercredi soir à l’AFP le directeur de l’IPI, Frane Maroevic, en visite à Ankara.
Deux jours après le séisme qui a fait plus de 48.000 morts le 6 février dans le sud et le sud-est de la Turquie, l’Etat d’urgence a été déclaré dans les onze provinces sinistrées, imposant davantage de restrictions à la presse.
Une accréditation auprès de la présidence turque a été rendue obligatoire pour travailler dans les régions sinistrées.
Surtout, les articles critiquant la gestion du désastre par le gouvernement, jugée tardive, ont coûté des interpellations à des journalistes et Twitter a même été brièvement suspendu dans les jours qui ont suivi.
« Il est clair que les autorités empêchent les journalistes de travailler de manière indépendante sur le terrain », estime M. Maroevic qui s’est rendu mardi à Antakya (sud), dévastée par le séisme.
Pour lui, les journalistes risquent de subir « davantage de pressions » à l’approche des élections présidentielle et législatives prévues le 14 mai.
La Turquie a adopté mi-octobre une loi décriée sur la désinformation qui punit jusqu’à trois ans de prison toute personne accusée de répandre des « informations fausses ou trompeuses ».
« La diabolisation des journalistes (…) les met en danger. Cela provoque une atmosphère où des individus jugent légitime de les attaquer », redoute M. Maroevic.