Après un hiver de résistance, le printemps est arrivé mettant fin à la raspoutitsa. C’est le temps de la contre-offensive annoncée et préparée depuis des mois. 98% de l’armement demandé et promis par les alliés a été livré, ont déclaré les responsables ukrainiens, le secrétaire général de l’Otan, Jens Stoltenberg et le général Christopher Cavoli, commandant des forces américaines en Europe. Ce dernier a ajouté que l’armée ukrainienne et « dans une bonne position ». Y compris au niveau de l’aviation, même sans les F16 espérés.
« Les préparatifs touchent à leur fin » a indiqué il y a quelques jours le ministre de la Défense Oleskii Reznikov. « Cela se produira » a confirmé Volodymyr Zelinsky qui n’a pas voulu entrer dans le détail, dire où et comment. Vers le 15 mai ?
Douze brigades, soit 48 à 50 000 hommes, dont neuf entraînées dans des pays de l’Otan, ont été formées et sont prêts au combat. Mais une contre-offensive, ce ne sont pas que les soldats, c’est la météo, la logistique, les munitions, les stocks, les pièces détachées, l’approvisionnement…
Avec les dernières livraisons – 230 chars et 1550 véhicules blindés-, l’armée de Kiev disposerait de quelque 800 chars, mais avant de les lancer à l’assaut des positions russes, il faut assez de carburant, 300 à 500 litres aux 100 km, et d’obus – plus d’1,2 million par mois.
Dans quel secteur, les Ukrainiens vont-ils tenter de repousser les forces de Poutine. Le front s’étend sur 800 kilomètres et, depuis des mois, les Russes ont renforcé leurs positions en creusant des tranchées, en disposant des obstacles en béton, les « dents de dragons »… Les experts militaires pensent que la zone la plus propice se situe du côté de Zaporijia et de Kherson et que le but sera de casser la continuité des positions russes et d’isoler la Crimée. Une nouvelle attaque du pont de Kertch ?
« Les principales batailles auront lieu bientôt » a promis le président Zelensky ce dimanche. Et il les veut décisives. Les Américains se montrent plus prudents et ne croient pas que l’on vivra un moment de bascule, que le cours de l’histoire sera renversé. Selon leurs généraux, les Ukrainiens enregistreront des succès, des gains limités et la contre-offensive ne mettra pas fin à la guerre. Même si Prigojine anticipe une possible « tragédie humaine » due aux manque de munitions – il parle surtout de Bakhmout-, la Russie a des réserves et des capacités militaires à ne pas sous-estimer. Elle pourrait utiliser ses matériels les plus modernes
Ce qui est certain, c’est que l’Ukraine ne peut pas se rater. Elle aurait perdu 80 000 hommes depuis le début de l’invasion, dont 17 500 tués et n’a plus les moyens de se régénérer rapidement. Et les Occidentaux ne pourraient plus fournir autant d’armement. La réussite de la contre-offensive est une nécessité vitale.
Pour l’heure, toutes les déclarations font partie de la guerre informationnelle, communicationnelle. Il faut maintenir l’ennemi en état d’alerte sans lui donner trop de renseignement. Les actuelles frappes russes poursuivent le même but : montrer que Moscou peut toujours porter le danger partout.