Le 7 octobre et la guerre en Ukraine auront eu des effets insoupçonnés et encore non mesurables , achevés à ce jour. Ils sont en partie à l’origine de la chute de Bachar al-Assad qui modifie le contexte régional et peut entraîner une redistribution des cartes, une nouvelle donne géopolitique.
La Russie et l’Iran qui rejettent la faute sur le président syrien qui a fui « lâchement » et ne parlent plus de « terroristes » mais d’opposants ou de « groupe légitime » ont subi de graves échecs qui posent des questions sur leur situation réelle. Poutine, focus sur l’Ukraine, n’a plus les moyens d’envoyer des hommes sur d’autres fronts et cache l’état réel de son économie. Que vont penser les Etats africains dont il se prétendait le protecteur, surtout s’il perd ses bases syriennes qui étaient sa porte vers l’Afrique ?
L’Iran, qui a également porté Assad depuis 2015 avec ses pasdarans et le Hezbollah libanais est pareillement défait et obligé de se replier sur lui-même, sur ses intérêts nationaux, la conservation de son pouvoir. Conscient de l’affaiblissement de son pays, un député, Ahmad Naderi, demande que soit mené un « test nucléaire » qui démontrerait sa puissance et sa détermination.
« L’ennemi » israélien sait cette faiblesse et le général Israël Ziv, ancien haut responsable militaire, voyant « le pouvoir à Téhéran au plus bas » estime qu’ « Il y a là une opportunité pour que nous adressions, en concertation avec les Américains, démocrates ou républicains, un ultimatum aux Iraniens pour qu’ils mettent fin à leur programme d’enrichissement d’uranium. Cela pourrait arriver très vite, avant même l’arrivée au pouvoir de Donald Trump ».
Netanyahou, qui a fait procéder à des centaines de frappes sur les installations militaires syriennes afin de réduire les capacités du pouvoir qui se met en place, veut asseoir la suprématie militaire de son pays et songer à l’extension des accords d’Abraham. La carte régionale redessinée tiendrait compte d’un rapprochement entre l’Arabie saoudite et l’Iran qualifié naguère de « République sœur » par MBS et d’un accord de cette même Arabie avec Israël qui aurait, sous la pression de Trump, fait un pas à Gaza où le Hamas aurait libéré les otages.
Ces belles constructions restent hypothétiques. Il faut attendre et voir le comportement des islamistes d’Al Joulani-Al Chara, celui du Turc Erdogan, autre grand vainqueur, à l’égard des Kurdes. Sans oublier Daech, les Syriens démocrates, les exilés…
Les cartes sont rebattues au Moyen Orient. Pour un chaos ou une reconstruction.