Par Khadija Messaoudi
Depuis la révolution de 2011, on pourrait penser que le temps des personnalités telle que Radhia Nasraoui serait devenue de l’histoire ancienne. Erreur. Elle continue à vivre en nous aujourd’hui et demain, parce que la violence, l’injustice, l’inégalité, le déni des droits fondamentaux sont toujours là, réels. Les mauvais traitements des humains et la torture sont loin d’avoir disparu. Plus grave: ils augmentent.
Radhia Nasraoui (68ans) avec sa tête de lionne et sa voix éraillée mais forte a consacré sa vie à mener ses combats contre l’oppression, la répression la corruption, et à lutter pour tout ce qui rend l’homme humain: sa dignité, sa liberté, sa conscience. Elle a accepté pour mener cela, l’humiliation, la douleur, la privation et la solitude .Elle a vécu loin de son mari, elle a vu ses enfants se faire violenter et intimider. Elle a vu son bureau saccagé… Jamais cependant sa détermination n’a été entamée.
Avocate de son état, Radhia Nasraoui a toujours mis un point d’honneur à faire prévaloir la justice. Mais dans ce combat inégal, Me Nasraoui a souvent été acculée à faire usage de l’unique arme qui lui restait: se priver volontairement de se nourrir. Par son corps meurtri par autant de grèves de la faim, l’avocate a mis plus d’une fois le pouvoir de l’époque, prétendument bienveillant et œuvrant pour le bonheur du peuple face à ses contractions.
Ses engagements lui ont valu la reconnaissance et le respect des plus grandes organisations de défense des droits humains, et nombreuses universités prestigieuses l’ont faite « honoris causa ». Née pour être libre, Nasraoui renvoie dans l’inconscient tunisien à l’image cette mère-courage qui n’a pas hésité à mettre en péril la sécurité de sa petite famille, pour défendre ses concitoyens, menacés dans leurs liberté et leur dignité. Peu lui a toujours importé leur appartenance idéologique dès lors qu’elle en épousait la cause. Islamistes, communistes, féministe…, ce sont d’abord hommes avec les mêmes droits et devoirs.
Radhia Nasraoui est un petit bout de femme, dont le combat reste à jamais lié à l’histoire de la conquête de la démocratie, de la liberté et de l’égalité pour tous en Tunisie. Pour tout cela elle mérite d’avoir sa place à côté des grandes figures féminines de l’Histoire de ce pays, avec en plus le privilège d’être une légende vivante.