La ministre allemande chargée de l’Europe a appelé ce mardi à mettre fin à la règle de l’unanimité dans la prise de décision au sein de l’UE en politique étrangère, mais l’idée suscite réserves et résistances parmi les Vingt-Sept.
Or l’unanimité est justement requise pour un tel changement de mode de décision.
« Nous devons parvenir à prendre davantage de décisions à la majorité qualifiée, c’est-à-dire qu’il devrait y avoir moins de droits de veto », a déclaré Anna Lührmann, en arrivant à une réunion des ministres à Bruxelles, reprenant une proposition contenue dans l’accord de coalition allemand.
Elle s’est déclarée favorable à ce que, « notamment dans le domaine de la politique étrangère et de sécurité, la clause passerelle soit utilisée », c’est-à-dire que l’UE puisse passer de l’unanimité à la majorité qualifiée sans qu’une modification des traités soit nécessaire.
« Cela nous permettrait d’être rapidement opérationnels avant l’élargissement de l’UE à d’autres États », a fait valoir la ministre allemande.
Mais la décision de recourir à une clause passerelle sur l’abandon de l’unanimité requiert elle-même l’unanimité des Etats membres, qui est loin d’être acquise.
La France est ouverte à une telle idée, de même que quelques autres pays, dont la Suède et l’Espagne.
Budapest a en revanche exprimé son opposition. « Les intérêts essentiels de tous les Etats membres doivent être pris en compte lorsque nous sommes autour de la table de négociations », a commenté la ministre hongroise Judit Varga.
Pour l’Irlande, le sujet n’est pas une priorité. « Notre priorité est de garantir que nos populations pourront rester au chaud cet hiver à un coût raisonnable (…) Il faut nous focaliser sur les questions importantes pour nos citoyens en ce moment », a estimé le ministre irlandais Thomas Byrne.