A Liangjiahe, village à 900 kilomètres de Pékin où le jeune Xi Jinping, fils du vice-Premier ministre déchu Zhongxun, a passé les années de Révolution culturelle, ils ont été nombreux, comme tous les jours, à rendre hommage à « Xi Dada », Oncle Xi, et à sa pensée qui mène la Chine vers la gloire et la première place dans le monde. Dans la capitale, le dirigeant suprême venait d’être renouvelé dans ses fonctions de secrétaire général du parti communiste pour cinq ans. L’empereur rouge, qui a modifié la Constitution, pour obtenir ce troisième mandat, peut être président à vie.
Sans surprise, mais peut-être cependant plus que prévu, il n’a fait entrer au comité permanent du bureau politique que des proches, des fidèles comme son nouveau n°2, Li Qiang, 62 ans, le patron de Shanghai qui a appliqué sans faiblir la politique de « zéro covid ». On y retrouve l’idéologue en chef, Wang Huning et le chef de la lutte contre la corruption Zhao Leji. Son bras droit, Ding Xuexiang est aussi promu, comme le Pékinois Cai Qi. Par contre, il n’y a plus de femme parmi les 24 membres du bureau politique.
Idéologie, discipline, autoritarisme, loyauté et nationalisme exacerbé sont les traits principaux de cette Chine que Xi veut marquer de son empreinte quasi éternelle. Le parti passe avant tout, dirige tout.
» Nous avons créé deux miracles: un développement économique rapide et une stabilité sociale à long terme « , s’est félicité Xi Jinping qui a souligné que » La Chine ne peut pas se développer sans le monde et le monde a aussi besoin de la Chine « . Et il a promis de » travailler dur dans l’accomplissement » de ses » tâches » au premier rang desquelles, il place la » sécurité nationale « . « Osez vous battre pour la victoire » a-t-il lancé aux 205 membres du comité central renouvelé à 65%.
Se battre, oui, mais contre qui, pour quoi ? Car si le leader chinois insiste toujours sur « la prospérité commune », la redistribution des plus riches vers les moins aisés, il n’a aucune politique de protection sociale et la bataille qu’il entend livrer l’oppose, en réalité, à l’Occident qui, selon lui, est entré dans une phase de déclin inexorable. Et passe, bien sûr, par le retour de Taïwan dans la mère patrie.
Il parle toujours de croissance économique, mais il semble bien que le « rêve » chinois a du plomb dans l’aile, mis à mal par le « zéro covid », la crise immobilière et la démographie en chute inarrêtable avant de très longues années. Le nouveau rêve de Xi est celui de la domination chinoise qui arrêterait l’américaine et instaurerait un nouvel ordre mondial. Pour cela, Pékin a besoin du monde et s’y emploie, notamment en Afrique et en Asie en tenant des pays par la dette, en créant une dépendance.
Si l’Europe répète depuis quelques temps qu’elle n’est plus naïve – même l’Allemagne ?-, les Etats-Unis de Biden mènent déjà cette guerre technologique – car c’est d’abord d’elle qu’il s’agit- en retardant le plus possible et avec l’aide de Taïwan le développement des semi-conducteurs en Chine. Des experts se demandent même si le pays de XI arrivera à combler son retard.
Le discours de fermeté, la pensée de XI Jinping comme seul guide ne peuvent faire des miracles et l’empire du milieu va devoir se battre aussi pour résoudre ses problèmes. Les deux miracles appartiennent au passé, des centaines de millions de Chinois sont mécontents. Il n’y a pas de visibilité sur l’avenir et certains sinologues entrevoient même un « grand bond en arrière ». La démesure de Xi, la toute-puissance qui aveugle…