-Comment l’artiste que vous êtes a-t-elle affronté la crise sanitaire ? Le fait que des expositions et autres évènements culturels aient été annulés vous a-t-il contrarié ou au contraire cela vous a permis de continuer à vous focaliser et perfectionner vos créations?
En tant qu’artiste, cette crise m’a impacté directement du fait que les expositions aient été soit annulées soit reportées. Cela signifie moins de chance d’être exposée, moins de chance de développer sa carrière et bien sur moins de chance de gagner de l’argent. Cette crise sanitaire est comparable à la nuance grise. Ajoutez à cela une atmosphère politique ambiguë que mais que je ne cesse pas d’essayer de transposer sur mes tableaux en y apportant de la couleur. C’est ce qu’on appelle l’espoir ! Ceci mis à part, je ne peux nier le fait que cette crise m’a aussi beaucoup inspiré, me poussant même à remettre en question certaines de mes priorités comme ma position en tant qu’artiste face à ce que le monde est en train de vivre. Elle m’a aussi offert plus de temps pour observer, admirer et profiter de ce qui était avant considéré comme acquis. Et ce n’est pas du tout négligeable à mes yeux parce que cela m’a incité à créer et extraire cette essence de la vie que je suis en train de l’expérimenter chaque jour.
-Votre œuvre intitulée « Tornade » réalisée il y a quelques années en hommage au Casino de Hammam lif a rencontré un succès tel qu’elle a fini par être acquise par un collectionneur privé. La banlieue sud vous inspire-t-elle toujours autant?
Oui la banlieue sud m’habite toujours. C’est une partie de mon enfance donc de ma mémoire. Non seulement je serais toujours inspirée par sa beauté, tel que sa montagne couronnée de cyclamens et parfumée de thym et romarin, ses plages toujours accueillantes malgré la pollution, son patrimoine architectural tel que le casino ou Dar el bey, les églises, les rituels des Mausolées tel que sidi Bourigua, Sidi abed el Ali … mais je serais aussi toujours inspirée aussi par sa vie sociale, ce mélange étrange des histoires et expériences chevauchées de ses habitants, des immigrants illégaux «harraga», de leurs histoires entretenues par l’espoir de quitter ce pays, les pécheurs, les marchants… il y a toujours quelque chose à admirer ou à observer à Hammam lif! Un endroit unique et spécial.
-Avez-vous des projets en cours?
Oui je travaille actuellement sur une exposition personnelle. Une série de tableaux qu’on peut qualifier de « féministe » et « natur-elle » à la fois, suscitant des questionnements sur le « naturel » en rapport avec l’humain en général et le féminin en particulier. Surtout avec ce que le monde a traversé pendant ces deux années. J’espère que cette pandémie prendra fin en ayant causé le moins de dégâts possibles qu’on puisse enfin reprendre nos activités. Je n’emploie pas le terme « normalement » car je hais le normal, mais avec un nouveau regard plus perçant, pertinent et créatif dans tous les domaines.