L’ancien secrétaire d’État auprès de deux présidents américains, qui a fêté ses 100 ans ce 27 mai, s’est longuement confié dans The Economist, un hebdomadaire britannique. Nous sommes dans une situation proche de l’avant-première guerre mondiale, explique-t-il, avec des rapports de forces qui ont été bouleversés au détriment de l’Occident, à la fois sur le plan stratégique et technologique. Tout cela a fait voler en éclats le cadre international qui tenait depuis la chute du mur. L’avenir de l’humanité dépend du fait que Chine et États-Unis puissent s’entendre, et ils n’ont que 5 à 10 ans pour y parvenir, compte tenu des progrès de l’intelligence artificielle.
Dans l’histoire de la guerre, il n’avait jamais été possible d’anéantir l’ennemi, à cause des limites posées par la géographie et le manque de précision des armes. Ces nouveaux systèmes intelligents vont tout changer, estime-t-il, il n’y aura plus de limite, tout pays sera vulnérable à 100%.
Henry Kissinger n’est pas pessimiste pour autant. Il incite les Américains à mieux comprendre la Chine, à discuter en permanence avec elle, de leur rivalité, de leurs ambitions réciproques, de la limitation de l’intelligence artificielle, du risque de destruction mutuelle avérée. On peut éviter la guerre, dit-il.
Selon lui, les Chinois veulent décider eux-mêmes de ce qui les concerne, et considèrent que l’Amérique les traitera jamais comme un égal. Ils ont le complexe de l’assiégé, un peu comme l’Allemagne de Guillaume 2, justement avant la première guerre mondiale.