L’ancien ministre de la Santé et démissionnaire d’Ennahdha, Abdellatif Mekki, est revenu, jeudi 5 avril 2022, sur plusieurs sujets d’actualité, au micro de Shems FM, dont les fuites présumées de l’ancienne cheffe du cabinet présidentiel, Nadia Akacha, et l’évolution de la situation politique dans le pays depuis l’annonce du lancement d’un dialogue nationale, la semaine dernière, par le président de la République, Kaïs Saïed.
Commentant les enregistrements fuités et attribués à Mme Akacha, Abdellatif Mekki a assuré qu’il s’attendait à de tels agissements soulignant que cela n’est guère une surprise venant de ceux qui se sont réunis autour du président de la République dans une guerre de positionnement et autour d’un ensemble d’intérêts.
Il a indiqué que l’ancien chef du gouvernement, Elyes Fakhfakh, avait toujours manifesté de la réticence à la présence de Nadia Akacha en toute circonstance soulignant que certaines informations sont transmises oralement au chef de l’Etat de par leur confidentialité. Ce qu’il s’est passé « n’est pas dans l’intérêt du pays et est trop malheureux », a avancé Abdellatif Mekki.
Le politicien s’en également pris au doyen Sadok Belaïd affirmant que celui-ci était impliqué dans la « mascarade » du 25-Juillet de par son appui au président de la République dans son interprétation de la Constitution ; l’article 80 en particulier. Il a ajouté que toute perspective d’un processus participatif était désormais impossible. « Dans son dernier discours (le président de la République, ndlr), il a mis fin à tout espoir (…) Il a trompé les gens et s’est retourné contre l’expérience démocratique pour un projet personnel qui s’apparente plus à une illusion qu’à un régime politique susceptible de faire évoluer la Tunisie », a indiqué Abdellatif Mekki en évoquant son opposition àl’Etat d’exception de Kaïs Saïed.
Samedi dernier, le chef de l’Etat a annoncé la création d’une commission pour préparer l’installation de la nouvelle République en quelques jours. Cette commission sera composée de deux instances dont l’une sera chargée de l’organisation du dialogue avec les organisations nationales. La synthèse des travaux de la commission sera soumise au référendum à la date fixée au 25 juillet. Il a précisé que le dialogue qu’il entend organiser se ferait sans ceux qui ont détruit le pays en référence à ses opposants.
Revenant sur cette annonce, l’ancien ministre a avancé que Kaïs Saïed était incapable de dialogue et a dénoncé la gravité de la situation politique du pays surtout avec la révision de la composition de l’Instance supérieure indépendante pour les élections. Il a signalé, dans ce sens, que les nouveaux membres bénéficiaient d’une immunité totale et ne pourraient être sanctionnés en cas de falsification des élections sur demande du président de la République étant, à la base, désignés par ce dernier.
Interpellé sur les appels à manifester lancés par les appuis de Kaïs Saïed, Abdellatif Mekki a mis en garde contre les violences qui pourraient éclater le 8 mai – jour prévu du rassemblement pro-Saïd. Expliquant que des attaques pourraient être perpétrées contre des politiciens et les locaux de certains partis politiques, il a appelé à la vigilance.