Les dirigeants talibans multiplient les messages de paix intérieure et promettent une bonne entente avec le monde entier dont les États-Unis, mais sur le terrain, ils se montrent impitoyables comme au temps de leur « splendeur ». Le gouvernement de Kaboul envoyait d’autres messages laissant entrevoir une reconquête des provinces perdues et une victoire finale, mais là aussi sur le terrain, son armée va de défaite en défaite, recule, se délite. A Washington, Joe Biden s’agace et se demande si les Afghans vont enfin se battre pour défendre leur pays, pour la liberté. tant de milliards dépensés pour en arriver là, semblait-il dire…
Cet après-midi, face à la déroute, les négociateurs de Kaboul ont proposé aux talibans un partage du pouvoir en échange de la fin des violences. Trop tard pour les insurgés qui se voient déjà vainqueurs à Kaboul?
Petit retour en arrière: début mars, le secrétaire d’État américain Antony Blinken demandait avec insistance au président Ashraf Ghani d’accepter un « gouvernement inclusif ». Il affirmait: « même avec la poursuite de l’aide financière à vos forces après le retrait militaire américain, je crains que la situation sécuritaire ne s’aggrave et que les talibans puissent réaliser des gains territoriaux rapides ». Le vice- président Amrullah Saleh rejetait des « demandes illégitimes ». Le président exigeait d’abord des élections, sachant que les talibans les refusaient… Et la « traditionnelle » offensive de printemps des talibans est en cours.
Qui peut empêcher qu’ils arrivent à Kaboul? Sur le papier, l’armée afghane, si elle se bat, apparaît capable d’éviter le pire, d’affaiblir les talibans qui consentiraient à discuter sérieusement. Le gouvernement aurait un atout dans sa manche: le général Samy Sadat, 36 ans, formé à l’étranger, est dépeint en « héros » sur les réseaux sociaux. Il a été nommé, mercredi, à la tête des forces spéciales dans tout le pays. A la tête de ses hommes, il combat à Lashkar Gah, la capitale du Helmand où il affirme que les talibans ne passeront pas: chaque Taliban qui vient à Lashkar Gah mourra ou repartira handicapé à vie » a-t-il a affirmé à l’AFP qui l’a contacté par téléphone. Il ajoute: « Je pense que Lashkar Gah devient un facteur d’unité entre les gens qui aiment la liberté, les patriotes, les Afghans. J’en suis très fier ». Lashkar Gah tient depuis le 31 juillet. Il peut redonner le moral aux troupes. De son côté, le nouveau ministre de l’Intérieur, le général Abdul Satar Mirzakwal, s’efforce de les réorganiser et de convaincre seigneurs de guerre et chefs de tribus de rallier le gouvernement.
Le mois dernier, les talibans avaient annoncé qu’ils publieraient leur plan de paix en août. On attend toujours. Que vont-ils répondre à Kaboul? Et à Washington qui a enjoint à son négociateur Zalmay Khalilzad de « faire pression » sur les talibans pour les amener à une paix négociée.
.Alors nouvelle donne, nouvel espoir? Ou poursuite de l’avancée des talibans et capitulation déguisée en offre de partage? .Il y a quelques heures, les insurgés se sont emparés de Hérat et de Kandahar… Douze sur Trente quatre.