Enfilant peaux de bêtes et colliers d’os, les guerriers zoulous affrontent les tuniques rouges britanniques: une des plus humiliantes défaites infligées à des troupes coloniales par une armée « indigène » est rejouée ce samedi dans les collines sud-africaines.
Au pied du mont biscornu d’Isandlwana, qui laissa son nom à la bataille, dans la province du KwaZulu-Natal (sud-est), la terre rocailleuse est chauffée par un soleil de plomb d’été austral. Le vent chaud souffle sur les herbes hautes et la vue s’étend sur un horizon parsemé de collines pelées et de vallons.
C’est ici que le 22 janvier 1879, des régiments de quelque 20.000 hommes décrits à l’époque comme « des sauvages » écrasèrent en quelques heures, dans un furieux corps-à-corps, un campement de militaires britanniques armés de fusils.
« Ce jour-là, nous avons vaincu les Britanniques. Cette bataille est une source de fierté et une pierre de la nation zouloue », explique 144 ans plus tard à l’AFP Simelane Velaphi, un guerrier « amabutho », couronne en peau sur la tête et lance à la main.
Une foule de spectateurs, dont le roi zoulou et des dignitaires du Premier bataillon gallois, étaient attendus pour la reconstitution de la lutte qui a assis la légende guerrière de la plus grande ethnie d’Afrique du Sud. Le pays aux 11 langues officielles compte 11 millions de Zoulous, soit près d’un cinquième des Sud-Africains.
A l’époque, la nouvelle de la cuisante défaite de l’Angleterre, alors au faîte de sa puissance, a provoqué une onde de choc en Europe: à la fin du XIXe siècle, son empire colonial s’étend aux quatre coins du globe et sa marine règne sans partage sur les océans.


