En Algérie, le procès du journaliste et patron de presse Ihsane el Kadi s’est ouvert dimanche 12 mars pour être aussitôt renvoyé au 26 mars prochain. Le directeur de Radio M et du site Maghreb Emergent, accusé de « financement étranger de son entreprise », a refusé d’être jugé à distance, depuis la prison où il est toujours détenu. Le juge a annoncé le report du procès « afin de permettre l’extraction de l’accusé [de la prison, NDLR] et la présence de toutes les parties impliquées dans le dossier », selon le Comité national pour la libération des détenus (CNLD).
L’avocat Pierre Brunisseau, membre du collectif de défense d’Ihsane el Kadi, estime que cette proposition de jugement en visio-conférence ne respecte pas, une nouvelle fois, les droits de son client et il réclame sa libération.
« Ihsane el Kadi est un éminent journaliste, qui a fait nombre d’investigations sur des sujets assez sensibles. Les médias algériens en parlent. Et aujourd’hui, on refuse à Ihsane el Kadi de pouvoir se présenter au tribunal. Organiser une visio en le laissant dans les geôles de la prison, pour nous, c’est inacceptable. On demande toujours sa libération immédiate, on demande aussi la main levée sur les deux médias qui sont les siens, Maghreb Émergent et Radio M », deux médias indépendants assez critiques du pouvoir algérien.
Les avocats d’Ihsane el Kadi ont d’ores et déjà annoncé qu’ils boycotteraient l’audience du 26 mars. « L’ensemble des avocats juge qu’il est, en l’état, impossible de travailler correctement puisque le président Tebboune a pris la parole publiquement et a qualifié Ihsane el Kadi de traître. Donc, au-delà de l’atteinte à la présomption d’innocence, c’est aussi une démonstration flagrante du manque d’indépendance de la justice en Algérie. »
En attendant, le collectif de défense d’Ihsane el Kadi réclame sa libération. Son procès, estiment par ailleurs ses avocats, est emblématique des atteintes à la liberté d’expression par les autorités algériennes.