Depuis des mois, les commentateurs répètent que le second quinquennat d’Emmanuel Macron n’a pas vraiment commencé, que le président peine à définir son cap, dire ce qu’il veut faire. Les 49.3 et les difficiles débats sur la loi immigration ont encore envenimé le climat politique. Il fallait provoquer un choc d’autant que les Français ressentent de plus en plus durement les effets de la hausse des prix et d’une insécurité qu’ils voient grandissante. Dans l’opposition, un jeune homme montait, Jordan Bardella, 28 ans, président du Rassemblement national. A la fin de l’année, il faisait irruption à la 30e place dans le classement des 50 personnalités les plus aimées des Français. Les jours d’Elisabeth Borne à Matignon étaient donc comptés.
La Première ministre, qui n’a pas démérité, n’avait aucune envie de partir, mais le président lui a fait savoir qu’il était temps de céder la place. Injecter du sang neuf. Emmanuel Macron aime surprendre et casser les codes. Toutefois, en propulsant Gabriel Attal à Matignon, il n’a fait que suivre les cotes de popularité des prétendants, choisir le préféré des Français. Ou le numéro deux qui talonne de plus en plus Bruno Le Maire qui pourrait briguer l’Elysée en 2027 et que Macron n’entend pas favoriser, ils ne sont pas vraiment amis…
Avec qui aimeriez-vous boire une bière ? A ce « testbeer », pratique américaine reprise par l’Ifop, les Français ont répondu Edouard Philippe (37%) qui devance Marine Le Pen (35%) et Gabriel Attal (34%). Au rang des personnalités politiques préférées, le nouveau Premier ministre se classe juste derrière le premier d’Emmanuel Macron. Depuis sa nomination à l’Education où il a pris des décisions rapides et fortes, le macroniste de la première heure n’a cessé de marquer des points.
Aux yeux du président, il incarne l’esprit de 2017 et la fidélité. En lui demandant « du dépassement et de l’audace », Emmanuel Macron estime que Gabriel Attal est « l’homme qu’il faut pour le réarmement et la régénération de la France ».
Il est surtout, pour l’instant, un atout, une arme anti Bardella. Le RN, mené par son président, est largement favori pour les élections européennes de juin devant Renaissance coaché par Stéphane Séjourné, le compagnon du Premier ministre. Jeune populaire contre jeune populaire. Sans oublier Raphaël Glucksmann, de Place publique, qui devrait à nouveau emmener la liste socialiste. Le conjoint de Léa Salamé pourrait réussir une belle percée…
La première mission d’Attal sera donc de se lancer dans la bataille européenne qui tient au cœur de son patron. Mais cela ne peut constituer un cap et donner le nouveau souffle après lequel court le président. Bien des dossiers sont sur la table : loi immigration, loi sur la fonction publique, sauvegarde énergétique, simplification administrative. Et aussi l’École que Gabriel Attal a placé en tête de ses priorités.
Pour en savoir davantage sur le cap choisi, il faut attendre la composition du gouvernement et surtout « le rendez-vous avec la nation » promis aux Français par Emmanuel Macron. Tout ce que l’on sait, c’est qu’il aura lieu en ce mois de janvier…