Le parquet de Gabès a ouvert une enquête à la suite du décès d’une jeune fille de 16 ans, agressée par des chiens sur le chemin de l’école. Les habitants de cette région agricole s’étaient récemment plaints de la forte augmentation du nombre de chiens errants qui s’en prennent aussi au bétail.
Les autorités assurent avoir engagé des actions: le ministère de l’Agriculture a mis à disposition un service de vaccination antirabique gratuit et s’est fixé pour objectif de vacciner rapidement 70 à 80% des chiens de Tunis. Il y a urgence: cinq personnes, mordues par des chiens errants, sont décédées de la rage dans le pays en 2021 et, « au niveau du Grand Tunis (2 millions d’habitants, NDLR), la positivité des carnivores errants est de 55% », selon le ministère. Pourquoi une telle prolifération? Ces dernières années, les Tunisiens ont eu recours aux chiens plutôt qu’à de coûteux systèmes d’alarme pour protéger leurs propriétés, explique à l’AFP Nowel Lakech, présidente de l’association de Protection des animaux de Tunisie (PAT).
Mais les abandons sont fréquents, surtout quand les femelles qui ont des petits. Ainsi, il n’est pas rare pour un passant de se retrouver nez à nez avec une meute de chiens dans la capitale.
La PAT voudrait « une loi obligeant les propriétaires à marquer leurs chiens pour qu’ils ne puissent plus être jetés impunément à la rue » et que chaque municipalité soit dotée d’un centre de gestion des chiens errants. Il y en a six pour toute la Tunisie: « On a gagné une bataille mais pas encore la guerre », relève Mme Lakech, estimant que les associations font « le travail de l’Etat ».
Ces derniers mois, des campagnes sanglantes notamment sur l’île touristique de Djerba ont entraîné des protestations des défenseurs des animaux sur les réseaux sociaux. Après s’être fait tirer dessus, des chiens peuvent agoniser pendant des heures. On les laisse sans s’inquiéter de savoir s’ils sont morts ou blessés », s’insurge Mme Lakech. Au refuge de Bouhanach à Ariana, près de Tunis, des dizaines de chiens sont hébergés par la PAT qui tente de leur trouver un foyer.
Construit il y a cinq ans grâce à des dons privés, le refuge s’étend sur un terrain de 2.600 mètres carrés.Le centre a déjà accueilli près de 500 pensionnaires. Parfois, faute de famille adoptive locale, la PAT envoie les chiens à l’étranger avec des « parrains de vol », pendant leur transport.