Trois semaines après les déclarations incendiaires de Kaïs Saïed sur les migrants subsahariens et les violences racistes qui ont suivi, la colère ne désenfle pas au Sénégal, témoigne France 24. Plusieurs associations et organisations de la société civile demandent des excuses publiques du président tunisien. Des appels au boycott des produits de Tunisie ont également été lancés sur les réseaux sociaux.
Quinze associations se sont réunies au sein d’un « collectif des organisations et acteurs de la migration au Sénégal » pour réclamer des sanctions de la communauté internationale après la ligne rouge franchie par Kaïs Saïed.
« Le collectif recommande au président tunisien de prendre de la hauteur, de retirer ses propos, de présenter ses excuses à toute la communauté africaine et de s’engager à respecter et à faire respecter les droits des populations africaines sur son territoire », exige le communiqué du collectif.
Le ministère sénégalais des Affaires étrangères a mis en place une cellule de crise. Contrairement à la Côte d’Ivoire et à la Guinée qui ont déjà organisé des vols de rapatriement de leurs ressortissants désirant rentrer au pays, Dakar s’est voulu plus mesuré dans sa réaction : un registre a été ouvert pour « recenser nos ressortissants qui souhaitent rentrer au Sénégal », a indiqué le ministère, qui a précisé le 5 mars qu' »aucun incident concernant un compatriote n'[avait] été signalé en Tunisie ».
Les protestataires, qui répètent que leur antagonisme n’a pas pour cible le peuple tunisien mais leur président, dénoncent « l’utilisation des Noirs africains comme boucs émissaires de la crise sociale en Tunisie ».
Une manifestation contre le président tunisien et les violences subies par les migrants noirs était prévue ce samedi 11 mars sur la place du Souvenir africain à Dakar. Cependant, le préfet a décidé de l’interdire, évoquant des « risques de troubles à l’ordre public » et « d’entrave à la libre circulation des personnes et de leurs biens ».