Un haut gradé russe, le général Roustam Minnekaïev, a affirmé ce vendredi 22 avril que « l’un des objectifs de l’armée russe est d’établir un contrôle total sur le Donbass et le sud de l’Ukraine », permettant « d’assurer un couloir terrestre vers la Crimée » puis « un couloir vers la Transnistrie », région séparatiste prorusse en Moldavie. Une déclaration que plusieurs experts analysent comme « une diversion » pour détourner l’attention du Donbass vers le sud, la Russie n’ayant pas actuellement les capacités militaires pour atteindre cet objectif. Le Kremlin n’a pas voulu confirmer les déclarations de général, mais depuis le début de l’offensive, beaucoup estimaient que ce qu’il décrit correspondait bien aux buts de guerre, buts réduits du fait des revers enregistrés par les forces russes.
Dans le Donbass, « les lourds bombardements et les combats se poursuivent, la Russie tentant de progresser vers des localités comme Lyman, Bouhaïvka, Barvinkove et Popasna, dans le cadre de son plan pour la région », a souligné ce matin le ministère de la défense britannique. A Marioupol que Moscou assure avoir « libéré », des combattants ukrainiens continuent de défendre avec acharnement l’immense complexe métallurgique Azovstal, où sont également retranchés des civils.
Le président du Conseil européen, Charles Michel, qui représente les Etats membres de l’Union européenne (UE), a demandé au président russe, lors d’un entretien téléphonique, de garantir des corridors humanitaires à Marioupol à l’occasion de la Pâque orthodoxe. Vladimir Poutine lui a répondu que Kiev refusait la reddition des derniers soldats ukrainiens retranchés dans la zone industrielle d’Azovstal. « La vie de tous les militaires ukrainiens, combattants nationalistes et mercenaires étrangers est garantie s’ils déposent les armes. (…) Mais le régime de Kiev n’autorise pas cette possibilité » a-t-il affirmé.
L’Eglise orthodoxe ukrainienne relevant du patriarcat de Moscou s’apprêtait ce vendredi à organiser une procession pascale vers la ville assiégée de Marioupol afin d’y évacuer des civils et militaires blessés. L’Eglise « est prête à organiser une procession depuis Orikhiv, dans la région de Zaporijjia, vers l’usine Azovstal de Marioupol afin d’apporter une aide d’urgence et évacuer les civils. Cette procession pourrait également contribuer à évacuer les militaires blessés et récupérer les corps », a déclaré le métropolite Onufrij, chef de l’Eglise orthodoxe ukrainienne relevant du Patriarcat de Moscou, dans un communiqué sur le site de l’Eglise. Interrogé par l’AFP, le métropolite Kliment Vetcheria, responsable de la communication de l’Eglise relevant du Patriarcat de Moscou, a dit que son église faisait « tout son possible » et priait pour que cette procession puisse avoir lieu.
Pour le moment nul ne voit la fin de la guerre et le premier ministre britannique, Boris Johnson, a jugé probable ce vendredi qu’elle dure jusqu’à la fin de l’année 2023 en raison de la détermination de la Russie à poursuivre son offensive « épouvantable ».
Interrogé lors d’une conférence de presse à New Delhi sur un tel calendrier évoqué par des sources occidentales et le possible scénario d’une victoire russe, le dirigeant conservateur a répondu : « C’est une possibilité réaliste, oui, bien sûr. » Le président de la Fédération de Russie, « [Vladimir]Poutine, a une énorme armée, (…) il a fait une erreur catastrophique et la seule option qu’il a maintenant, c’est de continuer à essayer d’utiliser son approche épouvantable, basée sur l’artillerie, pour essayer d’écraser les Ukrainiens », a-t-il ajouté au terme d’une visite de deux jours en Inde visant à renforcer la coopération entre l’Etat indien et le Royaume-Uni.
Pour Kristalina Georgieva, la directrice générale du Fonds monétaire international, l’aide financière dont l’Ukraine a besoin doit être accordée « le plus possible » mais sous forme de dons et non de prêts pour éviter que Kiev accumule une dette considérable qui compliquerait la reprise au sortir de la guerre. Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a estimé à 7 milliards de dollars par mois les besoins de son pays pour compenser les pertes économiques causées par la guerre.
Au plan international, les États-Unis et l’UE ont réitéré ce vendredi que tout soutien de Pékin à Moscou pour contourner les sanctions occidentales nuirait à leurs liens avec la Chine, qui avait appelé les Européens à se dissocier de Washington.