Il n’a jamais douté de lui, de son destin qui le mènerait au sommet. Peu importe les moyens d’y arriver. La vie d’Alexander Boris de Pfeffel Johnson est une succession de mensonges, de ses débuts dans le journalisme à son arrivée au 10 Downing Street. Jeune stagiaire au Times, il est licencié pour une fausse citation. Correspondant du Daily Telegraph à Bruxelles, il déforme les faits ou invente des histoires qui le feront bien voir dans les milieux conservateurs hostiles à l’Union européenne. Il fantasme sur la guerre de la Commission contre les chips britanniques, sur sa volonté d’interdire à la vente les régimes de bananes comportant plus de trois fruits ou de normaliser les préservatifs… Il dément tout ce qui le dérange, une liaison extraconjugale comme sa proximité avec Steve Bannon, le conseiller très conservateur de Donald Trump. Il s’excuse mais n’en pense pas moins et continue à œuvrer pour sa seule préoccupation : lui et son pouvoir.
Le Brexit, dont beaucoup de Britanniques sont revenus, il l’a « gagné » sur une énorme tromperie : récupérer au profit du système de santé britannique les 350 millions de livres que Londres versait chaque semaine à l’Europe. Ce n’était que 135 millions et le NHS n’a pas reçu davantage de livres.
Ces dernière semaines, s’il ne cessait de s’excuser pour ses frasques et fêtes bravant les interdictions faites à ses compatriotes pour cause de covid, il mettait en avant la situation mondiale, arguant qu’il devait s’occuper de choses sérieuses, l’aide à l’Ukraine.
Les fêtes, sa mauvaise gestion du covid , l’inflation contre laquelle il tardait à lutter, les soupçons de corruption à cause de dons de riches amis sont venus à bout de la patience de ses députés qui, conscients que ces problèmes affaiblissaient le parti conservateur, ont imposé un vote de défiance. Perdu. Ou gagné pour le Premier ministre. Confiant, il veut passer à autre chose, « tirons un trait ». Oubliés les mauvais jours ? Pas du tout. Certes aucune motion de défiance ne peut être déposée avant un an, mais Theresa May qui s’en était sortie mieux que lui, avait été contrainte à la démission quelques mois après le vote.
Boris Johnson peut se sentir plus fort, mais la presse britannique rétablit la vérité : « la fête est finie, Boris ». Qu’il le veuille ou non, il est sur le déclin, son autorité sapée, sa cote de popularité basse. La guerre de succession a commencé et sera amplifiée si les conservateurs perdent les élections partielles du 23 juin. Boris Johnson croit toujours en son destin et il ne quittera jamais Downing Street de lui-même. Trois enquêtes sont encore en cours dont celle du Parlement qui cherche à déterminer si le Premier ministre lui a menti, l’a trompé. Si oui, il pourrait être contraint de démissionner. D’autant que son parti doute qu’il puisse gagner les élections prévues en 2024.