L’inventeur de la cassette est décédé ! il avait 94 ans. Cet ingénieur hollandais était sans doute loin d’imaginer que ce à quoi il avait abouti aller révolutionner plus d’un domaine. En effet, il n’est pas une seule activité qui n’ait pas bénéficié des années durant de l’apport de cet outil simple, pratique, facile à manier mais ô combien extraordinaire ! IL suffisait d’un petit lecteur pour l’y introduire et recueillir, diffuser, écouter ou faire écouter une information, un morceau de musique, un échange…L’accès à la matière sonore, quelle qu’en soit la teneur, s’est démocratisé d’une façon incroyable.
Rien qu’à l’échelle de la Tunisie, rappelons-nous les années heureuses où nous pouvions agrémenter nos pique-niques printaniers de chansons populaires et dansantes enregistrées sur des K7 (comme on disait à l’époque). Les virées à la plage en période de canicule n’avaient rien de sublime quand elles n’étaient pas « meublées » de sons et de voix émis par un poste radio imposant (fanfaronnade oblige !) et garant de liens affectifs forts entre les membres d’une même famille ou d’un groupe de jeunes occupant une « 404 bâchée », un bus ou une voiture de train vétuste. Grâce à la bande enregistrée, les voix monocordes des vendeurs ambulants des marchés hebdomadaires avaient un charme particulier quand on les entendait répéter à satiété : « Tout à un dinar ! ». N’oublions pas plus les sketches de Mongi Elouni et Noureddine Ben Ayed qui nous faisaient sourire alors que nous farfouillions dans les tas des vêtements usagés.
On pourrait multiplier à l’infini les exemples d’usages de la cassette audio dans notre vie quotidienne. Nous l’avons tant aimée. Nous nous y sommes identifiés à travers la chanson de Fatma Boussaha, « Rinni, rinni, ya karhebt Kamel », où l’on entendait cette diva exprimer un souhait significatif : « J’aurais souhaité être une cassette… » Même en de pépin, nous ne boudions pas notre plaisir en rembobinant à l’aide d’un crayon une bande sonore dont les tripes ont été éjectées par un maudit lecteur récalcitrant.