Les places au cimetière sont limitées au Portugal. Une fois décomposés les corps sont exhumés et les restes sont placés dans un espace plus restreint, afin de dégager de l’espace. Une méthode mise à mal depuis quelque temps par une hausse de la « momification » naturelle des corps.
C’est ce phénomène que tentent de décortiquer des chercheurs, car depuis dix ans, il semble augmenter. À tel point qu’à Porto notamment, le phénomène concernerait un corps sur trois, explique à BFM Angela Silva Bessa, une chercheuse qui mène actuellement une thèse sur la question. Selon une enquête, 64 % des cadavres dans la ville n’étaient pas encore totalement décomposés entre 2006 et 2015.
Outre le traumatisme pour les proches des défunts, qui, au bout du temps réglementaire d’inhumation, apprennent que le corps, non décomposé, doit être réenterré, alors qu’habituellement, entre trois et cinq ans devraient suffire à la décomposition, la question de la place dans les cimetières devient de plus en plus pressante.
Comme l’explique Business Insider (en anglais), pour lutter contre la « surpopulation » des cimetières, notamment dans les zones urbaines, le Portugal avait depuis les années 60 imaginé ce concept de « tombes temporaires ». Reste que pour déplacer les corps, il ne doit plus rester de « tissu mou ». Or, au lieu de se décomposer totalement, certains corps se « momifient », pour des raisons inexpliquées
Angela Silva Bessa, une anthropologue médico-légale de l’université de Coimbra, a expliqué à BFM avoir analysé les sols des cimetières, mais aussi des échantillons humains, tels que des ongles, des morceaux de vêtements ou des cheveux, prélevés sur les défunts.
Selon les premiers résultats de la chercheuse, les sols ne semblent pas être en cause puisque dans un même environnement, certains corps se décomposent et d’autres non. Pour elle, « des facteurs intrinsèques » à la personne inhumée seraient plutôt en cause.
Elle va donc s’atteler, comme l’indique Business Insider, à explorer d’autres pistes, notamment celle des modes de vie de la personne décédée. Si elle était fumeuse par exemple ou si elle suivait des traitements, notamment comme la « chimiothérapie et la radiothérapie utilisées pour traiter le cancer », suggère-t-elle auprès de BFM.
La chercheuse a encore de nombreuses pistes à explorer avant de rendre ses conclusions, qui pourraient s’avérer décisives pour la gestion des cimetières au Portugal.