Jamais la communication gouvernementale en temps de crise n’a été autant approximative, hésitante et manquant de tonalité. Au moment où la pandémie du COVID-19 ne cesse de susciter appréhensions, peur et inquiétudes, les réponses se font toujours attendre et les actions engagées, pour juguler ce mal, demeurent plus que jamais désordonnées. Le grand cafouillage qui règne actuellement au sujet du confinement, des mesures d’accompagnement et de la disponibilité du vaccin renseignent fort sur l’absence d’une stratégie coordonnée, d’une communication bien pensée reflétant, de surcroit , l’indécision de nos responsables qui n’arrivent pas à piloter intelligemment une situation complexe, qui exige une parfaite coordination des moyens et l’unicité du discours.
Au fur et à mesure que les statistiques publiées montrent une propagation exponentielle de l’épidémie, on est frappé par le désarroi de ceux sont en première ligne, censés présenter des solutions et montrer la bonne voie. Nos experts, qui font pourtant partie de la commission nationale de lutte contre le COVID-19, se plaisent à étaler, sur les différents supports médiatiques, des appréciations divergentes, à établir parfois un diagnostic catastrophiste et à faire supporter aux politiques toute la responsabilité.
Tout le monde daigne oublier dans ce genre de circonstances graves, qu’il est primordial qu’experts et politiques tiennent le même discours et respectent les règles d’une communication ciblée et réfléchie. Ce qui n’est pas le cas actuellement où ces acteurs ne font que perdurer un désordre et une cacophonie à l’origine du laxisme ambiant et de la faible adhésion des tunisiens aux mesures sanitaires qu’on ne finit pas de leur prodiguer à tout va.
Manifestement, une stratégie de communication en période de crise se prépare, se conçoit mais ne s’improvise pas. Le poids des mots est d’une importance cruciale, chaque appréciation, déclaration ou commentaire a son impact. La raison est simple puisqu’une bonne communication de crise est un facteur de sa bonne gestion et de l’adhésion du peuple aux contraintes qui en résultant.
Paradoxalement, le constat qu’on peut faire de la situation est quelque peu amer, puisqu’en plus de sa défaillance, la communication gouvernementale jusqu’à la adoptée manque de cohérence et de force. D’où les hésitations, les quiproquos, les contradictions et surtout toute la difficulté qu’éprouvent hommes politiques et experts, dont le message reste sibyllin, vague et peu mobilisateur. Il ne s’agit pas d’un fait nouveau, loin s’en faut. Depuis maintenant plus de dix ans, les gouvernements successifs ont géré les dossiers chauds avec
une légèreté souvent déconcertante. Ils n’ont pas pu ou eu le doigté d’anticiper les crises ou ses effets, conduisant à l’inversion des rôles et à l’instauration d’une certaine inertie. Pour cette raison et pour bien d’autres, le message gouvernemental est devenu inaudible et souvent décalé. Au lieu de présenter des actions, des projets, des faits, des engagements ou des
mesures, on se contente du minimum syndical, d’apporter des démentis tardifs ou des mises point qui passent mal. Rarement les autorités publiques ont réussi à maitriser leurs sujets et à opérer un bon pilotage des actions qu’elles entreprennent. La décision de confinement général décidée, le 12 janvier dernier, et annoncée par le ministre de la santé en est un bon exemple édifiant de ce qu’il ne faut pas faire.
En cafouillant, il a raté l’essentiel. Aurait-il fallu confier cette tâche au ministre de la santé, qui a des problèmes evidents d’élocution et de difficultés notoires de passer un message clair et fort? D’autres personnes qui se sont illustrées par la qualité du discours, la clarté des propos et une aptitude à communiquer devant les médias, tous supports confondus, auraient été plus convaincantes. Ce cas est loin d’être isolé et ce scénario semble se répéter à satiété.
Le problème, devenu récurrent, s’explique par le fait qu’on oubli une évidence, qui fait de la communication une affaire de professionnels, une affaire très sérieuse qu’on ne doit pas confier à des amateurs.