La consommation et les saisies de psychotropes ont atteint des proportions alarmantes ces dernières années en Algérie. Les services de sécurité ont enchaîné les opérations de grande envergure contre les dealers qui commercialisent désormais en grandes quantités ces drogues.
Au début du mois de Ramadan, la Direction générale de la sûreté nationale (DGSN) a annoncé une saisie record de 1,6 million de comprimés psychotropes à travers le pays. La DGSN a évoqué « l’une des plus importantes opérations de saisie dans l’histoire de la Sûreté nationale ».
Contacté par TSA, le Pr Mostefa Khiati, médecin chercheur, alerte sur les risques sur la sécurité nationale puisque l’Algérie paraît être le marché principal des psychotropes confectionnés dans des ateliers clandestins dans les pays du Sahel.
Mostefa Khiati appelle à revoir la loi 04-18 relative à la prévention et à la répression de l’usage et du trafic illicites de stupéfiants et de substances psychotropes. La réflexion est engagée par les autorités puisque le gouvernement a examiné en janvier 2023 un projet de loi modifiant et complétant la loi 04-18
De son côté, le Pr Fatima-Zohra Sebaa-Delladj psychologue, enseignante à l’université d’Oran met en exergue la nécessité d’un travail commun entre tous les départements intervenant dans la lutte contre le trafic de drogue.
La Pr Sebaa-Delladj insiste sur le statut du simple consommateur considéré par la loi 04-18 comme un patient qui doit être placé dans des centres de désintoxication.
Malheureusement, le manque en infrastructures d’accueil fait que les juges à qui on présente des individus de très jeunes âge notamment dans les wilayas reculés du pays sont contraints de les faire passer par la prison.
Pour sa part, Rabeh Sebaa, sociologue et écrivain, aborde les raisons et les conséquences de la consommation de psychotropes.
« Il y a une perte de repères depuis une vingtaine d’années, dit-il à TSA. Ces repères identitaires et culturels balisaient dans le passé l’équilibre sociétal. Il y a aussi un échec du système éducatif de l’école primaire jusqu’à l’université. Le manque de loisirs est également derrière le recours à ce genre de produits », explique-t-il en donnant l’exemple du nombre de cinémas à Oran passés de 38 en 1963 à 3 salles actuellement.
Pour Rabeh Sebaa, le recours à la violence par les consommateurs de psychotropes est souvent évident. Une certaine corrélation existe entre les deux fléaux, estime-t-il.