ALGERIE – En Algérie, la défense du journaliste Ihsane El-Kadi dénonce les conditions de son arrestation et de sa mise en détention. Samedi 7 janvier, cela fera deux semaines que le directeur de l’agence Interface Médias (Radio M et le site Maghreb Émergent) a été interpellé en pleine nuit le 24 décembre à son domicile.
Jeudi 29 décembre, après cinq jours de garde à vue, il a été formellement inculpé. Il est incarcéré à Alger. Il fait l’objet d’une enquête pour « collecte illégale » d’argent destinée à porter atteinte à la sûreté de l’État. Ces poursuites viennent s’ajouter à sa récente condamnation à de la prison ferme pour un article de presse.
Reporters Sans Frontières dénonce une « persécution pour faire taire un des derniers médias algériens encore ouvert au débat et à la critique ». Maître Zoubida Assoul, membre du collectif d’avocats d’Ihsane El-Kadi, souligne plusieurs vices de procédures : « On ne peut pas arrêter un personnage comme ça alors qu’il n’y a pas de délit flagrant ou un crime. Ihsane El-Kadi a été gardé à vue au-delà du délai défini par le code de procédure pénale, c’est-à-dire 48 heures. Quant à la détention provisoire, normalement, c’est une mesure exceptionnelle. Pourquoi utilise-t-on la détention provisoire contre Ihsane El-Kadi alors qu’il peut parfaitement se présenter devant la justice, à chaque fois que la justice le veut ? »
L’autre préoccupation de Me Zoubida Assoul est la mise sous scellés et fermeture des locaux de Radio M et Maghreb Émergent, alors que ces lieux n’ont pas été les théâtres de délits flagrants ou de crimes. Une fermeture qui prive de ressources et de locaux les équipes des deux médias.
ALGERIE – L’indice de liberté économique 2022, guide annuel publié par la Heritage Foundation, le groupe de réflexion numéro un de Washington, analyse 12 libertés — des droits de propriété à la liberté financière — dans 184 pays.
Heritage mesure la liberté économique en fonction de 12 facteurs quantitatifs et qualitatifs, regroupés en quatre grandes catégories :état de droit, poids du gouvernement, efficacité de la législation et ouverture des marchés.
L’Algérie se classe à la 167e place et fait partie des pays à « économie réprimée » comme 15 autres pays africains dont l’Egypte.
Au cours des cinq dernières années, note Heritage, la croissance économique de l’Algérie a ralenti de 2017 à 2019, est devenue négative en 2020 et a rebondi en 2021. Une tendance de cinq ans d’expansion de la liberté économique a été brisée. Tirée vers le bas par des baisses de score en matière de droits de propriété et de santé fiscale, l’Algérie a enregistré une perte globale de liberté économique de 0,7 point depuis 2017 et est tombée dans les rangs moyens de la catégorie « réprimée ». La liberté monétaire est forte, mais l’état de droit et l’ouverture des marchés présentent des faiblesses.
Mieux classés, le Maroc est 97e et la Tunisie 128e. La Mauritanie figure en 119 position et la Libye n’est pas classée faute de données fiables.
MAROC – En conférence de presse conjointe avec le Haut représentant de l’Union européenne (UE) pour les affaires étrangères, Josep Borrell, le ministre des Affaires Étrangères, Nasser Bourita est revenu sur le rôle qu’aurait joué le Maroc dans le scandale de corruption au Parlement européen.
« N’oublions pas qu’à ce stade il y a des allégations mais pas de preuve, pas d’enquête conclue. Personne n’a dit officiellement du point de vue judiciaire que le Maroc en tant que pays était coupable et qu’il fallait l’éviter dans les contacts au niveau international », avait pour sa part déclaré le porte-parole de Josep Borrell, Peter Stano.
Dans le scandale de corruption présumée au parlement européen impliquant le Qatar qui a éclaté en décembre, le Maroc a été cité par l’Italien Francesco Giorgi, le compagnon de l’eurodéputée socialiste grecque Eva Kaili. Après l’arrestation de cette dernière, il a déclaré aux enquêteurs qu’il avait collaboré avec une organisation dont les services ont été sollicités par le Maroc et le Qatar dans le but d’influencer certaines affaires en Europe.
Le Premier ministre Akhannouch, s’est, lui, félicité de la dynamique des relations entre le Maroc et l’UE, qui a permis de structurer le partenariat entre les deux parties et de l’améliorer à différents niveaux. Il a salué à cet égard les résultats positifs du partenariat dans les domaines de l’agriculture et de la pêche, de la finance, de l’investissement, de l’économie verte, de la migration et de la sécurité. Le Chef du Gouvernement s’est également félicité du niveau des échanges commerciaux entre les deux parties qui a permis au Maroc de se positionner en tant que premier partenaire économique et commercial de l’UE sur le continent africain.
Le Maroc et l’Union européenne (UE) ont exprimé leur volonté conjointe d’approfondir le dialogue et la coopération notamment dans le domaine sécuritaire, dans le cadre du partenariat stratégique établi entre les deux parties.
LIBYE – C’est le quotidien Malta Today qui l’a révélée. L’affaire remonte à trois semaines. Selon le quotidien, les autorités ont expliqué qu’ils allaient prendre un vol privé pour la Libye, probablement pour Misrata. Ces anciens militaires britanniques travaillent pour la société privée de sécurité de Jack Mann, l’un des amis proches du prince Harry, de la famille royale britannique. Jack Mann faisait d’ailleurs lui-même partie du groupe.
Intercepté, avec ses employés, Jack Mann est suspecté par la police maltaise de violer le régime de restriction imposé par l’ONU sur les importations d’armes et le mercenariat en Libye.
Cet ancien officier britannique et ses collègues ont d’abord expliqué qu’ils allaient dispenser des formations médicales et sportives en Libye. Mais la police s’est rendu compte que leurs certificats de formateurs étaient faux.
La police maltaise soupçonne ces hommes arrivés en ordre dispersé à l’aéroport d’être des mercenaires. Ils sont donc empêchés de décoller. Plus tard relâchés, l’espace aérien maltais leur est maintenant interdit pour se rendre en Libye.
Jack Mann, âgé de 40 ans, est un ancien officier de l’armée britannique. Il a servi en Irak et en Afghanistan avant de fonder, en 2015, Alma Risk, une société de sécurité privée basée à Londres. Jack Mann reconnait avoir travaillé précédemment en Libye pour une autre société de sécurité britannique, Aegis Defence Services.
SYRIE-FRANCE – La France s’est livrée à des « tentatives scandaleuses et illégales » d’expulsions de migrants vers la Syrie, ont dénoncé vendredi plusieurs ONG et associations, réclamant une « clarification » du gouvernement français sur des pratiques contraires au droit international.
Ces deux tentatives remontent à octobre 2022, lorsque deux préfectures, celles de la Haute-Garonne (sud-ouest) et la préfecture de police de Paris, ont entamé des « démarches avec l’ambassade de Syrie » en France, « alors que les relations diplomatiques entre la France et la Syrie sont officiellement rompues depuis mars 2012 », ont relaté les organisations Amnesty international, La Cimade et Revivre dans un communiqué commun.
Même si les deux personnes concernées ont finalement été libérées par le juge de la liberté et de la détention (JLD), le simple fait d’avoir engagé la procédure en les plaçant dans des centres de rétention administrative (Cra) est constitutif d’une violation « en toute connaissance de cause (des) règles internationales et européennes », ont relevé les auteurs.
D’autant que, selon les défenseurs des migrants, ce n’est que le refus de l’ambassade syrienne de délivrer un laissez-passer consulaire « qui a permis d’empêcher l’expulsion sollicitée par les autorités françaises ».
IRAN – Navab Ebrahimi, célèbre chef cuisinier iranien connu pour ses vidéos sur Instagram consacrées à la cuisine persane, a été arrêté mercredi 4 janvier 2023 à Téhéran (Iran) dans le cadre de la répression des manifestations qui secouent le pays, ont annoncé des organisations de défense des droits humains.
M. Ebrahimi a été emmené à la prison d’Evin à Téhéran, a indiqué le groupe de défense des droits humains HRANA.
Aucun motif n’a été fourni pour l’arrestation du chef, qui compte sur Instagram 2,7 millions d’abonnés qui apprécient ses vidéos expliquant comment réussir facilement les plus savoureuses recettes de la cuisine traditionnelle iranienne.
Par ailleurs, WhatsApp annonce une nouvelle fonctionnalité qui permet de créer et d’utiliser un proxy, pour passer par un point d’accès intermédiaire et esquiver le blocage du service. La censure en Iran est notamment visée.
LIBAN – Le ministre sortant de l’Éducation Abbas Halabi a annoncé jeudi son intention d’octroyer 5 dollars par jour aux enseignants du secteur public, sur la part du budget consacrée à l’année scolaire 2021-2022. Cette allocation devrait être versée aux enseignants pour chaque jour de présence et d’enseignement dans les écoles primaires, secondaires et écoles techniques publiques. Les conditions de versement de la somme seront décidées par le ministre sur proposition du directeur général du ministère, a précisé M. Halabi. La présence de l’enseignant et l’accomplissement de sa tâche sont par conséquent indispensables pour cette rémunération qui ne couvrira pas les jours d’absence.
Le ministre sortant en a fait l’annonce lors d’une conférence de presse dans son bureau au ministère, en présence de représentants du secteur de l’enseignement. » Notre souci premier est de préserver la continuité du service éducatif, et notre hantise est de parachever l’année scolaire en cours « , a-t-il dit.
Son initiative intervient alors que les enseignants des établissements scolaires publics et privés menacent d’un report de la rentrée scolaire prévue pour la semaine prochaine, si leurs salaires ne sont pas réajustés à la lumière de la dévaluation de la livre et de l’inflation.
ISRAËL – À la demande de la Chine et des Émirats arabes unis, qui ont pourtant normalisé leurs relations avec Israël, les 15 membres du Conseil de sécurité rejoints par l’État hébreu, la Jordanie et des représentants palestiniens, ont débattu publiquement et vivement deux heures durant au siège de l’ONU à New York.
« Je suis vraiment, vraiment choqué », a lancé d’entrée l’ambassadeur israélien Gilad Erdan, devant les portes du Conseil. « Et pourquoi ? Parce qu’il n’y a absolument aucune raison que cette session d’urgence se tienne aujourd’hui. Aucune. Tenir une session du Conseil de sécurité sur un non-événement est vraiment absurde », a fustigé devant la presse le diplomate, avant de répéter sa position sur cette réunion « pathétique » dans l’enceinte du Conseil. Gilad Erdan a nié que la visite d’Itamar ben Gvir ait été une « incursion sur Al-Aqsa » ou une entorse au « statu quo » historique concernant les lieux saints de Jérusalem. « Chaque juif a le droit de visiter le Mont du Temple », a-t-il asséné.
L’ambassadeur palestinien auprès de l’ONU, Riyad Mansour, s’en est pris à son adversaire israélien ainsi qu’au nouveau gouvernement « colonial et raciste », et a critiqué les Nations unies où sont pourtant votées depuis des décennies nombre de résolutions anti-israéliennes. « Quelle ligne rouge Israël doit-il franchir pour que le Conseil de sécurité dise enfin +Ça suffit+ et agisse en conséquence. Quand allez-vous agir ? », s’est-il insurgé. Il s’est tout de même félicité d’une « unanimité pour défendre le statu quo », sans compter toutefois sur une action concrète de l’ONU qu’il réclame contre Israël.
SOUDAN – Les Émirats arabes unis ont annoncé ce jeudi 5 janvier avoir arrêté au Soudan Kidane Zekarias Habtemariam le trafiquant d’êtres humains « le plus recherché au monde » lors d’une opération de police internationale menée avec Interpol.
Il est présenté comme « l’un des passeurs les plus cruels au monde ». Objet de deux notices rouges émises par Interpol, Kidane Zekarias Habtemariam est à la tête d’un réseau criminel ayant kidnappé et escroqué des centaines de migrants d’Afrique de l’Est désirant se rendre en Europe.
Arrêté en Éthiopie en 2020, l’homme, de nationalité érythréenne, s’était échappé de prison un an plus tard et avait été condamné par contumace à la prison à vie, d’après la même source.
Avec l’aide d’Interpol, les Émirats arabes unis ont commencé à mener l’enquête sur le réseau criminel de Kidane Zekarias Habtemariam et les transactions financières illégales réalisées par son frère.
Ils ont ainsi réussi à localiser le passeur au Soudan, où il a été arrêté le 1er janvier par des officiers de police locaux, en coopération avec les autorités émiraties, a annoncé lors d’une conférence de presse, ce jeudi 5 janvier, Saïd Abdoullah Al-Souwaidi, un haut responsable du ministère émirati de l’Intérieur.
SOUDAN – La police a fait usage de gaz lacrymogène pour disperser des centaines de soudanais qui sont descendus dans les rues de Khartoum jeudi.
Ils protestaient contre un accord prévoyant le transfert progressif du pouvoir aux civils. Alors que les militaires sont aux commandes du Soudan depuis le coup d’état d’octobre 2021.
« Cette marche est l’expression réelle et honnête que le pouvoir appartient au peuple. Les ressources aussi. Les militaires doivent retourner dans les casernes, et les forces Janjawid doivent être dissoutes. Il n’y a pas de place pour l’institution militaire dans le pouvoir ou l’économie et tous les problèmes de l’État doivent être résolus selon une nouvelle constitution avec une nouvelle idéologie qui confèrent aux militaires la protection des frontières et du système démocratique.’’, explique l’activiste politique Khaled Soliman.
Les manifestants se dirigeaient vers le siège du conseil militaire au pouvoir. Ils répondaient à l’appel du comité de résistance, groupe hostile à toute négociation avec les hommes en uniformes.
« Nous sommes dehors aujourd’hui pour rétablir un régime civil et nous demandons très clairement que les militaires retournent dans les casernes et que les forces Janjawid soient dissoutes. », a déclaré Othman al-Hady, manifestant.
Le mois dernier, les responsables militaires et le principal groupe pro-démocratique du Soudan, ont signé un ‘’accord-cadre » pour le retour de la démocratie. Mais il semble ne pas faire l’unanimité.
TANZANIE – Les autorités tanzaniennes lancent le remplissage du réservoir du barrage hydroélectrique Julius Nyerere sur le fleuve Rufiji. L’installation alimentera les turbines d’une centrale hydroélectrique de 2 115 MW, l’une des plus grandes d’Afrique de l’Est.
La mise en eau est une étape cruciale avant la mise en service de la centrale hydroélectrique de Stiegler’s Gorge.
Son bassin sera capable de retenir 34 milliards de m3 d’eau grâce à un barrage de en béton et en forme d’arc, affichant une hauteur de 134 m. Son lac de retenue couvrira 1200 km2 au milieu de la réserve de Selous. L’eau descendant du barrage fera tourner les turbines d’une centrale électrique d’une capacité 2 115 MW. La Société d’approvisionnement en électricité de Tanzanie (Tanesco) qui met en œuvre le projet estime la capacité annuelle de la centrale à 5 920 GWh.
Les plus gros perdants du projet hydroélectrique de Stiegler’s Gorge semblent être la flore et la faune, puisque le barrage est construit en plein cœur de la réserve à gibier de Selous. Les animaux verront leur plaine inondée par une crue définitive. Ils devront trouver d’autres territoires, une migration qui peut s’avérer déstabilisatrice pour de nombreuses espèces d’animaux.
Le Comité du patrimoine mondial a réitéré ses « graves préoccupations » et a ajouté le projet de barrage aux motifs d’inscription de la réserve de gibier de Selous sur la liste du patrimoine mondial en péril, motifs qui ne concernaient auparavant que le braconnage des éléphants.
COMORES – Dans tout le pays, des voitures tombent en panne après être passées à la pompe. Réservoirs et pompes à injection sont les plus touchés par la mauvaise qualité de l’essence et les victimes sont de plus en plus nombreuses. Ben Abdallah Youssouf, automobiliste : « Jeudi dernier, j’ai fait le plein dans une station situé au nord de Moroni. En quittant la station, je n’ai même pas fait deux minutes de trajet. Ma voiture s’est éteinte de façon brusque. »
La SCH, société comorienne des hydrocarbures, assure que le problème ne vient pas d’elle et étaye les procédures qu’elle suit pour garantir un carburant de qualité aux Comoriens. Mzé Ali Azhar Ahmed, inspecteur général à la SCH : « Dès que les bateaux arrivent à Moroni, on envoie nos agents à bord, ils prélèvent des échantillons que nous analysons pour vérifier si la qualité, pour vérifier si les produits livrés sont les mêmes que les produits qui ont été chargés au départ du bateau. »
Accusée par la SCH, la société Bonzami se défend et cite un problème national alors qu’elle n’exerce que sur la Grande Comore. Et effectivement, des automobilistes qui se trouvent à Anjouan témoignent des mêmes problèmes sur les réseaux sociaux, tandis qu’à Mohéli, des réservoirs de motos sont carrément troués. Kader Youssouf Saïd, patron de Bonzami, la principale station accusée par la SCH, s’explique : « J’ai 3 700 litres d’essence. Si j’étais quelqu’un de vénal, qui cherche le profit, je me serais débarrassé de ce stock, je l’aurais vendu et après, advienne que pourra. »
Tous les acteurs concernés prônent pour des analyses sur la qualité du carburant dans un laboratoire indépendant. Aux Comores en effet, la SCH est à la fois juge et partie, puisque c’est elle seule qui dispose d’un laboratoire d’analyses.
AFRIQUE DU SUD – Les autorités ont demandé mercredi aux vacanciers de rester à l’écart de la faune marine après qu’un bébé phoque a attaqué des baigneurs sur une plage prisée du Cap (Clifton 4th Beach), non loin du quartier prisé de Camps Bay. La Société nationale de sauvetage en mer (National Sea Rescue Institute, NSRI) a indiqué que les sauveteurs de la plage de Clifton avait soigné deux personnes ayant été mordues mardi par un «bébé phoque». «Nous appelons tous les baigneurs et pagayeurs à rester à l’écart des phoques et à éviter les animaux marins», a ajouté l’organisme dans un communiqué.
Une vidéo partagée sur les réseaux sociaux montre un petit phoque poursuivant un enfant dans des eaux peu profondes. L’animal a tenté de mordre l’enfant à la jambe avant que deux hommes viennent à son secours, provoquant dans le même temps la fuite de l’animal.
Selon le NSRI, des incidents similaires ont eu lieu sur des plages de la région ces derniers mois. Les plages sud-africaines sont très prisées à cette période, correspondant à l’été dans l’hémisphère sud.
INSOLITE – La fin de l’année est la saison des prix : Nobel, Goncourt, Renaudot, Femina et tant d’autres. Mais un petit prix moins médiatisé est passé inaperçu. Il ne récompense pas l’excellence littéraire, scientifique ou intellectuelle, mais ce que son jury nomme l’« indignité linguistique ». Depuis 1999, un jury présidé par le vieil ami du Québec, l’écrivain Philippe de Saint Robert, se réunit chez Lipp afin de désigner une personnalité qui s’est fait remarquer pour « son acharnement à promouvoir la domination de l’anglais en France au détriment de la langue française ». Chaque année, l’Académie de la Carpette anglaise désigne également une personnalité étrangère qui a contribué à la propagation « servile » de l’anglais.
C’est sans surprise que les prix 2022 ont été décernés respectivement au président Emmanuel Macron et à son vis-à-vis canadien, Justin Trudeau.
On connaît la propension du président français, promoteur de la « start-up nation », à s’exprimer en anglais. Si le jury l’a désigné cette année, c’est tout particulièrement pour souligner sa résignation à « l’usage dominant de l’anglais dans le fonctionnement de l’Union européenne », où l’utilisation du français est souvent réduite à sa plus simple expression. Le jury rappelle que, depuis le Brexit, l’anglais « n’est la langue nationale d’aucun pays membre ». Langue maternelle d’à peine 1 % des Européens, il n’a de statut officiel qu’en Irlande et à Malte.
Quant à Justin Trudeau, il remporte le prix étranger pour avoir désigné une gouverneure générale, Mary Simon, qui ne parle pas français. Fortement critiquée au Québec, cette nomination d’une première gouverneure générale ayant des origines inuites avait fait l’objet d’une requête en Cour supérieure d’un groupe de citoyens qui estimaient qu’elle violait la Constitution canadienne. La nouvelle gouverneure générale s’est depuis engagée à apprendre le français.
Concernant Emmanuel Macron, les académiciens ont aussi déploré que, à l’instigation de la France et de son président, l’Organisation internationale de la Francophonie ait confié un second mandat à Louise Mushikiwabo, une ancienne ministre du Rwanda. En effet, ce pays a remplacé le français par l’anglais comme langue d’enseignement obligatoire dans ses écoles en 2008. L’Académie fait aussi remarquer que, lors du dernier sommet de la Francophonie, tenu à Djerba en novembre dernier, Emmanuel Macron a désigné la chanteuse Yseult comme marraine de la prochaine édition du sommet qui se tiendra en France en 2024. Or, Yseult chante essentiellement en anglais.
Depuis sa fondation, l’Académie s’était toujours fixé pour règle de ne pas décerner son prix à un président en exercice. Mais « Emmanuel Macron a tellement fait étalage de son anglophilie que nous n’avons pas eu le choix », dit Philippe de Saint Robert. L’écrivain reproche au président français de « faire de la langue française un musée » en créant une Cité internationale de la langue française à Villers-Cotterêts, mais de « ne rien faire pour la défendre à l’international ».
Cette année, le chef de l’État était en concurrence avec la Société nationale des chemins de fer français (SNCF) pour le nom de sa nouvelle application « SNCF Connect » et la Ville de Nice pour son slogan « I Love Nice ».
PRIX – Blé, maïs, tournesol: avec la guerre en Ukraine, les prix mondiaux des produits alimentaires ont atteint sur l’ensemble de l’année 2022 leurs plus hauts niveaux jamais enregistrés, a annoncé vendredi l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO).
L’indice FAO des prix des denrées alimentaires, qui suit la variation des cours internationaux d’un panier de produits de base, a poursuivi en parallèle sa baisse pour le neuvième mois consécutif, se repliant d’1,9% en décembre et retombant même sous son niveau d’il y a un an.
En mars, les prix mondiaux des produits alimentaires ont atteint leurs « plus hauts niveaux jamais enregistrés » selon la FAO, l’invasion de l’Ukraine par la Russie bouleversant les marchés et faisant planer un risque de crise alimentaire mondiale.
« Les prix mondiaux du blé et du maïs ont atteint des niveaux records au cours de l’année », indique l’agence de l’ONU, l’Ukraine étant un producteur majeur de céréales, mais également d’huile de tournesol.
La valeur moyenne de l’indice FAO des prix des huiles végétales a d’ailleurs lui aussi atteint un record sur l’année, quand ceux de la viande et des produits laitiers ont même atteint « leurs plus hauts niveaux annuels depuis 1990 ».
Les prix des produits alimentaires sont ensuite repartis à la baisse depuis le mois d’avril, et ce pour neuf mois consécutifs.
L’indice FAO de décembre s’établit en moyenne à 132,4 points, retombant ainsi à 1% en dessous son niveau d’il y a un an, en décembre 2021. « Cependant, pour 2022 dans son ensemble (…) l’indice s’établissait en moyenne à 143,7 points, soit 14,3% de plus que la valeur moyenne de 2021 », souligne la FAO.
« Les prix alimentaires mondiaux restent à des niveaux élevés, avec de nombreux produits de base proches de niveaux record, des prix du riz en hausse, et encore de nombreux risques associés aux approvisionnements futurs », a signalé Máximo Torero, économiste en chef de la FAO.
L’indice des prix des huiles végétales, en repli de 6,7%, a tiré en décembre la baisse mensuelle. Il tombe à son plus bas niveau depuis février 2021, les prix des huiles de palme, de soja, de colza et de tournesol ayant tous diminué en décembre.
L’indice FAO des prix des céréales baisse quant à lui d’1,9% par rapport au mois de novembre, du fait de plus grandes disponibilités en blé après les récoltes dans l’hémisphère sud et d’une chute des prix mondiaux du maïs, à l’exception du riz.
BIRMANIE – La junte au pouvoir en Birmanie négocie avec trois milices rebelles locales l’organisation d’élections dans les zones qui sont sous leur contrôle, a affirmé vendredi un porte-parole des rebelles, alors que les militaires ont assuré vouloir tenir des élections « libres et équitables » dans le pays.
Le pays d’Asie du Sud-Est comprend une vingtaine de milices ethniques rebelles qui combattent – entre elles et contre l’armée – depuis des décennies pour le contrôle de territoires ainsi que celui du commerce de la drogue et des matières premières.
Certains groupes armés ont condamné le coup d’Etat de février 2021 contre le gouvernement d’Aung San Suu Kyi, et ont offert une assistance militaire aux Forces de défense populaire (PDF) nées de la résistance contre la junte.
Mais les dirigeants du Parti du progrès de l’Etat Shan (SSPP), du Parti unifié de l’Etat Wa (UWSP) et de l’Armée de l’alliance démocratique (UWSA), trois groupes qui sont restés à l’écart des troubles ayant suivi le coup d’Etat, sont engagés dans des négociations sur trois jours dans la capitale, Naypyidaw, ont indiqué les médias publics vendredi.
Les territoires contrôlés par ces groupes sont restés relativement calmes depuis le coup d’Etat, qui a suscité le chaos dans la plus grande partie du pays.
Les discussions portent sur « les besoins politiques des groupes et (…) l’établissement d’une union fondée sur la démocratie et un système fédéral », selon le média Global New Light of Myanmar.
Les militaires « nous ont demandé de les laisser tenir des élections libres et équitables dans notre zone », a déclaré à l’AFP un porte-parole du SSPP, qui contrôle des territoires dans l’Etat Shan (nord).
« Nous ne nous opposerons pas à leurs élections », a-t-il dit.
Les militaires ont rencontré cinq groupes rebelles plus petits le mois dernier, qui ont ensuite publié un communiqué commun soutenant la tenue d’élections par la junte.
La junte birmane a annoncé mercredi qu’elle organiserait des élections multipartites « libres et équitables », quelques jours après la condamnation de l’ex-dirigeante civile Aung San Suu Kyi à 33 ans de prison au total.
Le chef de la junte n’a pas donné de calendrier pour ces élections, qualifiées par avance d’« imposture » par les Etats-Unis.
TCHAD – Le gouvernement tchadien a affirmé jeudi dans un communiqué avoir déjoué une « tentative de déstabilisation » visant à porter atteinte à l’« ordre constitutionnel et aux institutions de la République ».
« Ce plan a été élaboré par un groupe restreint de conspirateurs composé de onze officiers de l’armée avec à sa tête le nommé Baradine Berdei Targuio, président de l’organisation tchadienne des droits humains (OTDH) », a assuré le gouvernement, précisant que les services de sécurité avaient procédé à leur « interpellation à partir du 8 décembre 2022 ».
Selon Aziz Mahamat Saleh, ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, « une information judiciaire a été ouverte contre ces personnes pour atteinte à l’ordre constitutionnel, association de malfaiteurs, détention illégale d’armes à feu et complicité ».
« Le juge d’instruction en charge (…) a procédé à leur inculpation (…) en les plaçant sous mandat de dépôt », souligne le communiqué de ses services.
« La procédure judiciaire suit son cours et le gouvernement entend faire toute la lumière sur cette affaire et situer les responsabilités », conclut le ministre.
En février 2021, Baradine Berdei Targuio, avait été condamné à trois ans de prison pour atteinte à l’ordre constitutionnel pour avoir écrit que le président d’alors, Idriss Déby Itno, mort en avril 2021 et père de l’actuel président Mahamat Idriss Déby Itno, était « gravement malade » et « hospitalisé ».
M. Berdei Targuio est un militant connu des droits de l’Homme au Tchad et l’OTDH a été créée en 2006. Il était régulièrement l’auteur de critiques à l’égard du chef de l’Etat et du régime sur les réseaux sociaux.
CÔTE D’IVOIRE – Une collision entre deux autocars a fait 14 morts et 73 blessés jeudi près de Yamoussoukro.
Sur place, c’était « le chaos : il fallait d’abord clarifier la zone, distinguer chaque type de blessés selon la gravité du traumatisme… et donner les premiers soins », indique un secouriste. En parallèle, la police et le Fonds d’entretien routier ont sécurisé cette voie passante.
Au total, il a fallu mobiliser sept ambulances et plusieurs équipes de sapeurs-pompiers, qui sont intervenus pendant près de trois heures. Les blessés ont été évacués dans deux hôpitaux de la capitale administrative. Une enquête policière a été ouverte pour déterminer les circonstances exactes de cet accident.
Les accidents de la route sont nombreux en Côte d’Ivoire. En cause, notamment, l’incivisme des conducteurs. Le ministère des Transports devrait sous peu démarrer une vaste réforme du permis de conduire pour réduire le nombre d’accident de la route, avec l’introduction d’un permis à points.
Les infractions pourront aller de l’amende, au retrait du permis, voire même à des peines de prison en cas d’infraction grave.
ETATS-UNIS – Un homme de 42 ans a tué ses cinq enfants, sa femme et sa belle-mère par arme à feu avant de se suicider dans l’ouest des Etats-Unis, deux semaines après que la mère de famille a officiellement demandé le divorce, ont annoncé jeudi les autorités locales.
Les premiers éléments de l’enquête « suggèrent que le suspect s’est suicidé après avoir tué sept autres personnes dans le foyer », a expliqué dans un communiqué la ville d’Enoch City, dans l’Utah, où a eu lieu la tragédie.
La police a découvert les cadavres, mercredi après-midi après avoir reçu un appel leur demandant de s’assurer de l’état de la famille, selon le document.
Ils ont alors découvert les huit cadavres, qui portaient tous des « blessures par balle », poursuit le communiqué.
Les cinq enfants étaient âgés de 4 à 17 ans. Le suspect, Michael Haight, a également tué sa femme de 40 ans et sa belle-mère de 78 ans, avant de retourner son arme contre lui.
« Une demande de divorce avait été déposée » par la mère, Tausha Haight, « le 21 décembre », a précisé lors d’une conférence de presse Geoffrey Chesnut, le maire d’Enoch City, lui-même voisin de la famille et très ému.
La police de cette petite ville de 7.000 habitants, située dans le sud-ouest de l’Utah, à plus de quatre heures de route de la capitale de l’Etat, Salt Lake City, était déjà intervenue auprès de la famille.
« Nous avions été impliqués dans certaines enquêtes concernant cette famille il y a quelques années », a expliqué le chef de la police locale, Jackson Ames. Il a toutefois précisé qu’aucun événement récent n’avait suscité l’inquiétude des forces de l’ordre.
ETATS-UNIS – Une fusillade a fait au moins dix blessés jeudi 6 janvier au soir pendant le tournage d’un clip du rappeur américano-marocain French Montana à Miami en Floride, selon la presse locale et les autorités.
La police s’est rendue sur le lieu du drame vers 19h48 heure locale après avoir été informée que plusieurs victimes avaient été touchées par des balles, a-t-elle indiqué ce vendredi dans un communiqué.
Ces tirs ont eu lieu en face d’un restaurant, après une altercation entre deux groupes de personnes, et ont fait au moins dix blessés, d’après le journal Miami Herald. «Il y a eu au moins 13, 14, 15 coups de feu. C’était très rapide, on aurait dit un fusil d’assaut», a assuré Ced Mogul, qui assistait au tournage du clip de French Montana, à la chaîne locale WSVN. Selon ce témoin, une personne venue observer la prise de vues a été victime d’un vol qui a fini par dégénérer.
La police n’avait pas encore confirmé le nombre ou l’identité des victimes ce vendredi matin, et notamment si le rappeur French Montana avait été touché, mais a indiqué que les blessés avaient été transportés à l’hôpital.
French Montana, ou Karim Kharbouch de son vrai nom, 38 ans, est né au Maroc avant de s’installer aux États-Unis avec sa famille à l’adolescence. Il a reçu trois nominations aux Grammy Awards, prestigieuses récompenses de l’industrie musicale américaine, notamment pour son titre All The Way Up. Le rappeur avait déjà été victime d’une fusillade en 2003 dans le Bronx à New York. Il avait survécu après un tir à la tête, selon les médias américains.
ETATS-UNIS – Le président Biden a promis de réparer un système d’immigration « cassé », dans un discours à la Maison-Blanche, tout en reconnaissant que ce problème « difficile » ne serait pas résolu « du jour au lendemain ».
Pour les migrants qui franchiront illégalement la frontière : les Etats-Unis auront plus souvent recours à des expulsions immédiates, assorties d’une interdiction de nouvelle entrée sur le territoire pendant cinq ans. Plus de 230.000 arrestations ont encore été enregistrées en novembre à la frontière sud des Etats-Unis, un niveau record.
La Maison-Blanche a toutefois aussi fait savoir que jusqu’à 30.000 migrants qualifiés seraient au contraire autorisés chaque mois à entrer aux Etats-Unis en provenance de Cuba, Haïti, du Nicaragua et du Venezuela, les quatre pays d’où viennent en majorité les migrants. Ces arrivées devront toutefois se faire par avion pour ne pas ajouter à la charge de travail des gardes-frontières au sol, et dans le cadre d’un processus légal.
VENEZUELA – L’opposition vénézuélienne a officiellement mis fin à la « présidence » et au « gouvernement intérimaire » de Juan Guaido et a élu jeudi une nouvelle direction pour son Parlement.
Réuni virtuellement sur internet, le parlement parallèle — élu 2015 mais dont les membres défendent la continuité ne reconnaissant par les législatives de 2020 remportées par les alliés du président Nicolas Maduro — sera désormais présidé par Dinorah Figuera, qui vit en Espagne. Elle remplace donc Juan Guaido, ancien président de l’Assemblée.
Deux autres députés « en exil » Marianela Fernandez et Auristela Vasquez, complètent la direction.
Le 30 décembre, trois des principaux partis d’opposition avaient approuvé la suppression du « gouvernement intérimaire » qu’ils avaient soutenu lors de sa création.
Juan Guaido, qui s’était autoproclamé président par intérim en janvier 2019 n’a pas réussi à évincer le président Nicolas Maduro du pouvoir malgré un large soutien international. Et ce soutien s’était étiolé au fur et à mesure que l’expérience paraissait vaine.
M. Guaido et ses alliés estiment eux que la fin de la présidence et du gouvernement par intérim sont « une erreur inconstitutionnelle », qui crée un « vide ». « La dictature ne peut être celle qui assume ce vide », a déclaré jeudi M. Guaido.
La fin de l’« intérim » intervient dans un contexte de profonde division de l’opposition alors que la présidentielle de 2024 se profile à l’horizon. Des primaires pour désigner un candidat unique doivent avoir lieu cette année. Juan Guaido pourrait être candidat, selon de nombreux observateurs.
FRANCE – Réorganiser le temps de travail à l’hôpital dans les six mois, réformes de la gouvernance et du financement, meilleure rémunération des médecins de ville assurant des gardes: Emmanuel Macron a présenté ce vendredi son plan pour sortir le système de santé de « ce jour de crise sans fin ».
Lors de ses vœux aux soignants au Centre hospitalier Sud Francilien (CHSF) de Corbeil-Essonnes (Essonne), le chef de l’État a reconnu « l’épuisement personnel et collectif, ce sentiment parfois de perte de sens qui s’est installé, le sentiment au fond de passer d’une crise à l’autre ».
Répétant vouloir « gagner du temps de soignants » dans un contexte de manque chronique de médecins, il a appelé de ses vœux des « décisions radicales ».
M. Macron a ainsi promis une réorganisation du travail à l’hôpital « d’ici au 1er juin » pour lui permettre de garder les soignants qui le quittent et de le rendre plus attractif. « On doit ensemble travailler à une meilleure organisation du temps de travail », a-t-il déclaré, déplorant une « hyper-rigidité » dans l’application des 35 heures et un système qui « ne marche qu’avec des heures supplémentaires ».
Il a également annoncé la « sortie » pure et simple de la très décriée tarification à l’acte à l’hôpital dès le prochain budget de la Sécurité sociale, au profit d’un financement sur « objectifs de santé publique », négociés « à l’échelle d’un territoire ».
Toujours à l’hôpital, Emmanuel Macron a défendu l’instauration d’un tandem « administratif et médical » nommé à la tête des établissement « sur la base d’un projet ».
Côté médecine de ville, en pleine grève de généralistes pour une augmentation du prix de la consultation, il a proposé de « mieux rémunérer » ces derniers quand ils « assurent la permanence des soins » et « prennent en charge des nouveaux patients », afin que les Français « trouvent facilement un médecin de garde ».
Il a également promis d’« accélérer le recrutement des assistants médicaux » créés en 2018 pour les porter de « près de 4.000 » actuellement à « 10.000 d’ici la fin de l’année prochaine ».