Il faut être clair : sans le soutien des Etats-Unis, sans les armements envoyés massivement par Biden qui avait hésité, la guerre en Ukraine serait déjà terminée et Poutine aurait célébré sa victoire contre un pion de l’Occident corrompu et décadent. L’armée ukrainienne est vaillante, surprenante, héroïque mais elle a épuisé ses stocks et, pour résister, elle a besoin de matériel moderne. Celui que Zelensky et ses ministres réclament tous les jours. Le président ukrainien a encore présenté sa liste à ses hôtes du jour, souvent accusés de freiner. Scholzer, dit-on à Kiev, c’est-à-dire promettre sans tenir, ou « macroner », parler mais ne rien faire…
La liste est longue et relève un peu de l’uchronie tout en étant vitale pour l’avenir de l’Ukraine. Ainsi, Kiev veut un millier d’obusiers de 155 mm, 500 lance-roquettes multiples, 1000 drones… Environ 255 canons ont déjà été livrés, difficile d’atteindre vite les mille… La France a donné 20% de son artillerie 12 de ses 76 Caesar et en a promis six autres. Il faut six mois pour en fabriquer un et du temps pour former les artilleurs roumains à un nouveau matériel. Les Américains, les Allemands, les Britanniques, comme les Français assurent la formation de militaires ukrainiens. Pour les Etats-Unis, cela a commencé dès 2014…
Être clair, c’est aussi reconnaître que l’Occident n’a pas forcément les moyens de fournir tout ce qui est demandé, même en poussant à fond, ce qui est fait, ses industries d’armement. La France manque de munitions et en achète, pour ses Opex, à Israël ou au Qatar… Les 36 000 obus que les Etats-Unis viennent de promettre sont tout juste suffisants pour six jours.
Et puis, il y a une certaine crainte de voir cet armement de pointe perdu au combat ou tomber aux mains des Russes. Peur également d’un trafic d’armes demain en Europe comme après la guerre du Kosovo.
Être clair, c’est encore dire que s’il faut absolument renforcer les moyens de l’armée ukrainienne, une victoire militaire de Kiev n’est pas possible pour l’instant. On peut aider à maintenir le face à face actuel, à gagner un peu de terrain mais tous les miliaires sont d’accord : la reconquête des 20% de territoires aux mains des Russes n’est pas envisageable dans les conditions actuelles. Il faudrait une réorganisation de l’armée, une formation, donc du temps. Volodymyr Zelensky admet qu’un retour au stat quo ante -avant le 24 février- constituerait « une victoire provisoire ».
L’aide militaire, humanitaire, économique et financière doit, et va, se poursuivre. Mais avec le concours de l’ONU et des instances internationales, la pression sur Moscou doit être maximale pour arriver à des négociations. Et empêcher la crise alimentaire préparée de longue date par Poutine à la barbe d’un Occident naïf, notamment pour s’implanter en Afrique, la dominer.