Le 30 avril, à Sidi Bel Abbès, dans le nord-ouest de l’Algérie, Khadidja, 39 ans, était égorgée par son conjoint devant ses deux enfants. Huit jours plus tôt, à Touggourt (est), c’est la septuagénaire Khadidja Abbada qui avait trouvé la mort après avoir été frappée par son époux avec une bouteille de gaz. Ces deux assassinats sont venus porter à quinze le nombre de féminicides recensés depuis le début de l’année 2022 par le site Féminicides Algérie, rapporte le journal Le Monde.
Cette plateforme a été lancée le 1er janvier 2020 par les militantes Wiame Awres et Narimène Mouaci Bahi. Les deux féministes veillent, trient et comparent minutieusement les informations trouvées dans les médias, sur les réseaux sociaux, auprès des associations et parfois des familles, pour donner un nom à des victimes qui n’apparaissent pas clairement dans les statistiques officielles. « On a compris que les chiffres de la police nationale étaient sous-estimés quand, en novembre 2019, celle-ci a annoncé la mort de 39 femmes [depuis janvier 2019], tous types de meurtres confondus, sans tenir compte de la spécificité du féminicide », explique Wiame Awres, 28 ans : « Nous avons alors décidé de faire un recensement et, pour la même période, nous avons identifié 75 cas en tout. »