Les combats se poursuivent dans l’est de l’Ukraine, mais la Russie commence à manquer d’armes. En quête de matériel militaire, Moscou se tournerait vers la Corée du Nord, l’Iran ou encore la Syrie d’où elle retire des équipements, selon les renseignements.
Le front est figé dans le sud du pays. L’armée ukrainienne a lancé fin août une contre-offensive d’ampleur pour reprendre la ville de Kherson, occupée depuis mi-mars par l’armée russe. Le front se situe sur le fleuve Dniepr. Aux limites du Donbass aussi, le front reste englué. Les bombardements sont constants, les combats acharnés, mais les gains d’un jour sont perdus le lendemain.
Une contre-offensive « parallèle » se déroule dans l’est et le nord-est de l’Ukraine ainsi que dans le sud, a affirmé, mardi soir sur Telegram, Oleksiy Arestovych, un conseiller du président ukrainien. « Dans la région de Kharkiv, il y a des changements rapides qui forcent l’armée russe à se retirer vers l’est (…). Le seul endroit où les troupes russes arrivent est Bakhmout. Mais sans succès », a-t-il ajouté.
Zaporijia : les regrets russes

La Russie a demandé des «clarifications» à l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) sur son rapport sur la situation à la centrale nucléaire de Zaporijjia en Ukraine, a indiqué mercredi 7 septembre le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov. «Il y a un besoin d’obtenir des clarifications supplémentaires, parce que le rapport contient un certain nombre de points d’interrogation (…) Nous avons demandé ces clarifications au directeur général de l’AIEA», a déclaré Sergueï Lavrov à l’agence russe Interfax.
Mardi, l’ambassadeur russe avait regretté lors d’une réunion du Conseil de sécurité que le rapport de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) ne pointe pas la responsabilité de l’Ukraine, que Moscou accuse d’avoir bombardé la centrale nucléaire de Zaporijjia. «Nous regrettons que dans votre rapport (…) la source de ces bombardements ne soit pas nommée directement», a déclaré Vassili Nebenzia, estimant que ce rapport présenté à distance par le patron de l’AIEA devant le Conseil était une «confirmation» que la «seule menace» contre le site venait des «bombardements et des sabotages par les forces armées ukrainiennes».
Pas d’équipement militaire…
Dans son rapport, « l’AIEA écrit qu’il est nécessaire de retirer le matériel militaire du territoire de la centrale. Mais il n’y a aucun équipement militaire sur le territoire de cette centrale » contrôlée par les forces russes dans le sud de l’Ukraine, a déclaré ce mercredi Vladimir poutine lors d’un forum économique à Vladivostok.
Pourtant, dans son point 39 – accompagné d’une photo à la page 13 –, l’AIEA écrit : « L’équipe [des inspecteurs de l’AIEA] a observé la présence de personnel, de véhicules et d’équipements militaires russes à divers endroits de la ZNPP [Zaporizhzhya Nuclear Power Plant], notamment plusieurs camions militaires au rez-de-chaussée des salles de turbines des unités 1 et 2, et des véhicules militaires stationnés sous le passage supérieur reliant les unités de réacteurs. L’équipe a également observé la présence d’un groupe d’experts de Rosenergoatom. Le personnel et les directeurs de la centrale ukrainienne ont expliqué à l’équipe que le rôle de ce groupe d’experts était de fournir des conseils sur la sûreté, la sécurité et les opérations nucléaires à la direction de la centrale de ZNPP. »
L’Ukraine est favorable à l’envoi de casques bleus de l’ONU à sa centrale nucléaire de Zaporijia, occupée par les troupes russes, a déclaré, mercredi, à la télévision le chef de l’opérateur public Energoatom.
La Russie pas isolée
Dans le même discours, le président russe a déclaré que les sanctions occidentales visant son pays représentaient « un danger pour le monde entier » et démontraient une absence de vision. Il a estimé que l’Occident avait miné l’économie mondiale par ses tentatives « agressives » d’imposer sa domination sur le monde, sans parvenir à enrayer l’ascension de la région Asie-Pacifique.

« Peu importe à quel point certains voudraient isoler la Russie, il est impossible de le faire », a lancé M. Poutine. La pandémie de Covid-19 « a été remplacée par de nouveaux défis d’ordre global, qui menacent le monde entier. Je veux parler de la fièvre de sanctions de l’Occident », a-t-il ajouté. Le président russe a dénoncé « le refus obstiné des élites occidentales de voir les faits » et « la domination des Etats-Unis » dans la mise en place de lourdes sanctions contre la Russie à la suite de l’offensive menée en Ukraine depuis la fin de février. « Des changements irréversibles se sont produits dans tout le système des relations internationales », a-t-il noté. Malgré une pluie de sanctions occidentales, M. Poutine a affirmé que la Russie « n’a rien perdu et ne perdrait rien ». « Il y a une certaine polarisation en cours, mais je pense que ce ne sera que bénéfique », a-t-il ajouté.
Devant de nombreux dirigeants économiques et politiques asiatiques, notamment chinois, il a aussi salué « le rôle croissant » de la région Asie-Pacifique dans les affaires du monde, à l’opposé d’un Occident qu’il a dépeint comme sur le déclin, miné notamment par l’« inflation ». Face à « l’agression technologique, financière et économique de l’Occident », le président russe a dit se réjouir de « l’éloignement petit à petit » vis-à-vis de l’économie russe du dollar, de l’euro et de la livre sterling, « des devises pas fiables », en faveur notamment du yuan chinois.
Erdogan accuse
En visite à Belgrade, le président turc Recep Tayyip Erdogan a critiqué l’attitude des Occidentaux : « Je peux dire très ouvertement que je ne trouve pas que l’attitude actuelle de l’Occident (…) soit la bonne. L’Occident mène une politique basée sur la provocation », a déclaré le chef de l’Etat turc lors d’une conférence de presse avec son homologue serbe Aleksandar Vucic. « Nous, Turquie, avons toujours maintenu une politique d’équilibre entre la Russie et l’Ukraine », a-t-il ajouté.
Si elle a fourni à Kiev des drones militaires, la Turquie a refusé de se joindre aux sanctions occidentales décrétées contre la Russie après le déclenchement de son offensive en Ukraine. Le président avait déjà imputé mardi la crise énergétique en Europe aux sanctions prises contre la Russie, reprenant à son compte un argument du Kremlin. « L’Europe récolte ce qu’elle a semé. L’attitude de l’Europe envers M. Poutine et les sanctions l’ont conduit, qu’on le veuille ou non, à dire : “Si vous faites comme cela, je ferai ceci” », avait-il affirmé depuis Ankara.
Nouvelle aide européenne

La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a proposé, mercredi, sur Twitter que l’Union européenne (UE) verse une aide financière de 5 milliards d’euros pour aider l’Ukraine à faire face aux conséquences de la guerre. Cette aide serait la deuxième tranche d’un paquet maximum de 9 milliards pour 2022, proposé le 18 mai. Cette aide, sous forme de prêts, devra encore être approuvée par les vingt-sept pays membres de l’UE qui ont prévu d’en discuter, vendredi, lors d’une réunion des ministres des finances à Prague.
« Nous devons réduire les revenus de la Russie, que Poutine utilise pour financer cette guerre atroce contre l’Ukraine », a également souligné la présidente de la Commission européenne. La Russie ne livrera plus de pétrole ou de gaz aux pays qui plafonneraient les prix des hydrocarbures vendus par Moscou, avait prévenu dans la matinée Vladimir Poutine.