Près de sept mois après le début de l’intervention russe en Ukraine, les bombardements se poursuivent à un rythme soutenu. Le ministère de la défense russe a affirmé ce lundi avoir mené plusieurs frappes dimanche, dont l’une sur la ville de Zaporijia, située dans le sud du pays, qui aurait « détruit des ateliers (…) où des systèmes [de missiles] américains Himars étaient entretenus ».
Des affrontements ont également lieu aux abords de la région séparatiste de Donetsk, de même que de celle voisine de Louhansk. Face à une contre-offensive ukrainienne lancée au début de septembre dans la région de Kharkiv, plus au nord, l’armée russe avait dit retirer une partie de ses troupes pour « renforcer » celles de Donetsk, où les combats sont quotidiens.
Une attaque menée par l’armée ukrainienne sur la ville de Donetsk, capitale de la zone séparatiste du même nom, a tué treize civils, a affirmé le maire prorusse de la ville, Oleksi Koulemzine, sur Telegram : « Selon des données préliminaires, treize civils ont été tués à la suite d’un bombardement punitif sur la place des Commissaires-de-Bakou ».
La compagnie publique ukrainienne Energoatom a affirmé, ce lundi, que l’armée russe avait bombardé le site de la centrale nucléaire de Pivdennoukraïnsk, dans la région de Mykolaïv, dans le sud de l’Ukraine, dans la nuit de dimanche à lundi. Un bombardement que confirment les images satellites. Selon Energatom, les réacteurs n’ont pas été touchés et fonctionnent normalement.
Izioum :mensonges selon les Russes
Le Kremlin a qualifié ce lundi de « mensonges » les informations sur la découverte de centaines de corps enterrés et d’une fosse commune à Izioum, dans l’est de l’Ukraine, après le retrait des forces russes de la région.
« C’est un mensonge. Nous allons bien sûr défendre la vérité dans cette affaire », a déclaré le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov. « C’est le même scénario qu’à Boutcha », a-t-il encore affirmé, en référence à cette autre ville ukrainienne, située près de Kiev, où les forces russes ont été accusées d’avoir commis des exactions après la découverte de plus de centaines de corps de civils dans les rues, en avril.
Selon les autorités ukrainiennes, plus de 440 tombes et une fosse commune ont été retrouvées la semaine dernière près d’Izioum, au milieu d’une forêt de pins en lisière de cette ville reprise par l’armée de Kiev à celle de Moscou. Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a dénoncé, vendredi, les crimes d’une armée de « tortionnaires ».
D’après le gouverneur régional, Oleh Synehoubov, « quatre cent cinquante corps de civils portant des traces de mort violente et de torture », soit « 99 % » des corps exhumés vendredi, ont été recensés.
Des soldats russes découragés
Dix lettres manuscrites, datées du 30 août, ont été laissées dans une maison résidentielle à deux étages où des Russes se trouvaient. Après examen, ces lettres dressent le portrait de troupes découragées, désespérées, soucieuses de leur santé et de leur moral après des mois de combat. Dans l’une d’elles, écrite, d’après le « Washington Post » par le commandant d’un peloton spécialisé dans les missiles aériens près de Moscou, on peut notamment lire : « Je refuse de terminer mon devoir dans l’opération spéciale sur le territoire de l’Ukraine en raison du manque de jours de vacances et de l’épuisement moral ». Un autre soldat demande à être libéré de ses fonctions, invoquant l’aggravation de sa santé et « le fait de ne pas recevoir l’aide médicale nécessaire ». Un autre encore déclare qu’il souffre « d’épuisement physique et moral ».
Toujours d’après le « Washington Post », le style similaire de ces dix lettres suggère que les troupes, fatiguées et découragées, se sont regroupées pour les rédiger. Certaines ont été partagées sur les réseaux sociaux.
Ces lettres décrivant le manque de volonté des soldats à se battre contrastent fortement avec la pile de lettres d’écoliers d’une ville proche de Moscou, retrouvée également dans la maison et qui encouragent les troupes.
L’authenticité des dix lettres de soldats russes n’a pas encore été confirmée par des experts médico-légaux indépendants.