L’armée russe a annoncé ce samedi après-midi « s’être retirée » de la ville de Lyman, un important nœud ferroviaire dans l’est de l’Ukraine que les soldats ukrainiens avaient déclaré « encercler » ces dernières heures.
« Menacées de se faire encercler, les troupes alliées ont été retirées de Lyman vers des lignes plus favorables », a indiqué dans un communiqué le ministère russe de la défense. Plus tôt, les Ukrainiens avaient, eux, affirmé « entrer » dans Lyman, située dans la région de Donetsk, annexée vendredi par Moscou.
Peu avant, la Défense ukrainienne avait annoncé que « les forces d’assaut aériennes ukrainiennes entrent dans Lyman, dans la région de Donetsk ». Dans une vidéo d’une minute qui accompagne le message, on aperçoit deux soldats ukrainiens agiter puis accrocher le drapeau national bleu clair et jaune à côté de l’inscription « Lyman », à l’entrée de la ville.
Le gouverneur de la région voisine de Lougansk, Serguiï Gaïdaï, avait lui donné « trois options » aux soldats russes présents « dans le chaudron » de Lyman: « s’enfuir, mourir tous ensemble ou se rendre ».
Lyman se situe dans la région de Donetsk, annexée vendredi par Moscou, mais pas entièrement contrôlée par les troupes russes.
Civils tués par balles
Au moins vingt civils ont été retrouvés tués par balle dans leur voiture dans le nord-est de l’Ukraine, près de Koupiansk, a annoncé samedi le gouverneur de la région de Kharkiv, Oleh Synehoubov. « Un convoi de voitures avec des civils abattus à bord a été découvert. Selon les données préliminaires, vingt personnes sont mortes dans ces voitures », a-t-il affirmé sur Telegram. Selon lui, « les occupants [russes] ont attaqué ces civils qui tentaient d’échapper aux bombardements ». M. Synehoubov a qualifié l’attaque de samedi de « cruauté qui ne peut être justifiée ».
Vendredi, une équipe de l’Agence France Presse avait vu au moins onze corps de civils, tués de la même manière, sur une route abandonnée par les Russes lors de leur retrait de la région la semaine dernière. Le convoi de véhicules que l’AFP a vu vendredi se trouvait précisément sur une route qui part du village de Kyrylivka, à 70 kilomètres à l’est de Kharkiv, lorsqu’il a été pris pour cible.
Zaporijia : arrestation du directeur

L’Ukraine a condamné ce samedi la « détention illégale » du directeur général de la centrale nucléaire de Zaporijia (Sud), Ihor Mourachov, arrêté vendredi par la Russie pour une raison encore inconnue.
Dans un communiqué, « le ministère des affaires étrangères condamne dans les termes les plus forts la détention illégale » de M. Mourachov, directeur de la plus grande centrale nucléaire d’Europe, occupée depuis le 4 mars par les troupes russes et visée à de nombreuses reprises ces derniers mois par des bombardements dont Kiev et Moscou s’accusent mutuellement.
« Ce crime est un nouvel acte de terrorisme d’Etat de la part de la Russie et représente une grave violation du droit international, a fustigé la diplomatie ukrainienne. Nous appelons la communauté internationale, y compris l’ONU, l’AIEA et le G7 à prendre également des mesures décisives à cette fin. »
Veto russe à l’ONU
Sans surprise, la Russie a utilisé son veto, vendredi 30 septembre, pour empêcher l’adoption d’une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU condamnant son annexion de quatre régions ukrainiennes. Le texte va maintenant être soumis à l’Assemblée générale où tous les Etats membres ont une voix.

En dehors du veto russe, la résolution a recueilli dix voix en sa faveur et quatre pays se sont abstenus – la Chine, l’Inde, le Brésil et le Gabon –, un résultat que les Occidentaux ont décrit comme une preuve de l’isolement de la Russie.
Le projet de texte vu par l’Agence France-Presse avait été rédigé avant la signature, vendredi, des documents d’annexion des régions de Donetsk, Louhansk, Zaporijia et Kherson. Ce projet de résolution condamnait les « soi-disant référendums illégaux » qui ne peuvent avoir « aucune validité » ni « servir de base à une altération du statut de ces régions ».Préparé par les Etats-Unis et l’Albanie, il appelait tous les Etats et autres organisations « à ne pas reconnaître une pseudo-annexion » des quatre régions et exigeait également le retrait des troupes russes « immédiatement, complètement et sans conditions ».
« Vous nous forcez intentionnellement à utiliser notre veto pour pouvoir vous lancer dans des envolées lyriques sur le fait que nous abusons de notre droit », a accusé l’ambassadeur russe à l’ONU, Vassily Nebenzia, dénonçant une « action ouvertement hostile de l’Occident ».
Ce futur vote à l’Assemblée générale, où aucun des 193 Etats membres n’a de veto, permettra d’évaluer plus précisément le degré d’isolement de la Russie, alors que certains pays en développement s’agacent que l’Occident concentre toute son attention sur l’Ukraine.