Le président ukrainien Volodymyr Zelensky, qui n’a pas quitté son pays depuis l’invasion par la Russie le 24 février, a été reçu mercredi 21 décembre à la Maison Blanche par Joe Biden avant de s’adresser au Congrès américain, lors d’une visite d’ores et déjà historique.
Cette visite souligne que les États-Unis soutiendront l’Ukraine «aussi longtemps qu’il le faudra», a déclaré Karine Jean-Pierre, porte-parole de l’exécutif américain, dans un communiqué officialisant l’événement.
Ce déplacement, qui sera assorti de l’annonce d’une nouvelle aide américaine qualifiée de «significative» à l’Ukraine, comprenant notamment un système antiaérien Patriot, sonne comme un défi à Vladimir Poutine.
Le 1er septembre 2021, Volodymyr Zelensky avait déjà été reçu dans le Bureau ovale par Joe Biden, qui lui avait alors promis de le soutenir face à la Russie. Mais ce soir, c’est leur première rencontre en chair et en os depuis que la Russie a envahi l’Ukraine, faisant de Volodymyr Zelensky un chef de guerre connu du monde entier, et de Joe Biden le commandant-en-chef de la réponse occidentale à la Russie.
Lors de ce déplacement aux contraintes de sécurité inouïes et qui ne durera que «quelques courtes heures», le chef d’État ukrainien aura d’abord une réunion avec le président américain et ses équipes à la Maison Blanche, avant une conférence de presse, a détaillé un haut responsable de l’exécutif américain.
Les parlementaires américains s’apprêtent à voter une nouvelle enveloppe massive de soutien à l’Ukraine, de près de 45 milliards de dollars. Ils entendront le discours de Volodymyr Zelensky alors que le Congrès va basculer, partiellement, du côté de l’opposition républicaine en janvier, ce qui suscite quelques interrogations sur la future politique ukrainienne des États-Unis.
La Russie pas fautive
Le président russe Vladimir Poutine a estimé ce mercredi que le conflit en Ukraine était une « tragédie commune », mais que la Russie n’était pas responsable de son déclenchement.
« Ce qui se passe est, bien sûr, une tragédie. Une tragédie commune. Mais ce n’est pas le résultat de notre politique, c’est le résultat de la politique de pays tiers », a déclaré Vladimir Poutine lors d’une réunion avec des haut gradés de l’armée russe.

Le président russe a affirmé que la flotte russe sera dotée à partir de début janvier de nouveaux missiles hypersoniques de croisière Zircon, une arme qui appartient à la nouvelle famille d’armements développés ces dernières années par Moscou.
«Début janvier, la frégate Amiral Gorchkov sera en état de service avec de nouveaux missiles Zircon, qui n’ont pas d’équivalent dans le monde».
L’armée russe va par ailleurs déployer des bases navales de soutien à sa flotte à Marioupol et Berdiansk, deux villes qu’elle occupe dans le sud de l’Ukraine, a indiqué Vladimir Poutine : «Les ports de Berdiansk et de Marioupol fonctionnent pleinement. Nous prévoyons d’y déployer des bases pour les navires de soutien, les services de secours d’urgence et les unités de réparation navale de la marine».
Le président russe a également affirmé que son pays allait continuer de développer son potentiel militaire, y compris la «préparation au combat» de ses forces nucléaires.
«Les forces armées et les capacités de combat de nos forces armées augmentent constamment et chaque jour. Et ce processus, bien sûr, nous allons le développer», a-t-il déclaré lors de cette réunion. «Nous continuerons à maintenir et à améliorer la préparation au combat de notre triade nucléaire», a-t-il ajouté.
1,5 million de militaires
Le ministre russe de la Défense Sergueï Choïgou a dit juger «nécessaire» d’augmenter les effectifs de son armée à 1,5 million de militaires et d’augmenter l’âge limite du service militaire.

«Afin de garantir l’accomplissement des tâches pour assurer la sécurité militaire de la Russie, il est nécessaire d’augmenter l’effectif des forces armées à 1,5 million de militaires, dont 695.000 sous contrat», a-t-il déclaré en présence du président Vladimir Poutine, qui a dit être «d’accord» avec ces propositions. Un décret présidentiel datant d’août prévoyait déjà de porter à 1,15 million le nombre de personnels combattants à partir du 1er janvier.
Sergueï Choïgou, a assuré que la Russie combattait en Ukraine « les forces combinées de l’Occident », du fait de son soutien financier et de ses livraisons d’armes à Kiev. « En Ukraine, les militaires russes s’opposent aux forces combinées de l’Occident ».
De nouvelles livraisons d’armes américaines à l’Ukraine ne feront qu’« aggraver » le conflit avec la Russie, a, d’autre part, averti le Kremlin.
Missiles en Biélorussie

«Aujourd’hui, nous avons déployé les systèmes de missiles S-400 et, surtout, le système Iskander que vous nous avez remis», a déclaré le président biélorusse Alexandre Loukachenko lors de la venue de Vladimir Poutine à Minsk lundi 19 décembre, selon l’agence de presse russe Tass. Les S-400 sont des missiles de défense antiaérienne, version modernisée des S-300 de l’ère soviétique. Les missiles Iskander, eux, sont des missiles balistiques à courte et moyenne portée utilisés par la Russie en Ukraine. Ils peuvent emporter des charges conventionnelles mais également nucléaires.
Alexandre Loukachenko a également annoncé que son armée formait avec les Russes des équipages pour des avions transportant des charges nucléaires. «Avec les Russes, nous formons des équipages capables de piloter des avions qui transportent ces charges utiles spécifiques», a-t-il affirmé. «Ce n’est une menace pour personne», a ajouté le chef d’État, toujours selon Tass, mais «nous devons sécuriser l’État biélorusse».
Les autorités ukrainiennes disent redouter dans les premiers mois de 2023 l’éventualité d’une offensive russe sur Kiev qui serait déclenchée à partir du territoire biélorusse, répétant le scénario du début de l’invasion, le 24 février.