C’est l’une des images fortes de sa visite aux États-Unis, sa première hors d’Ukraine depuis le début de l’invasion russe le 24 février. À la fin de son discours devant le Congrès américain ce mercredi 21 décembre, Volodymyr Zelensky s’est tourné vers la cheffe de la Chambre des représentants Nancy Pelosi et vers la vice-présidente Kamala Harris, qui présidaient cette séance exceptionnelle, et leur a remis un drapeau ukrainien, couvert de signatures de soldats. « Quand j’étais à Bakhmout hier (une ville de l’est ravagée par les combats, NDLR) nos héros m’ont donné le drapeau, leur drapeau. L’étendard de ceux qui défendent l’Ukraine, l’Europe et le monde au prix de leur vie », a-t-il souligné avant de remettre l’étendard aux deux dirigeantes. En retour, elles lui ont remis un drapeau américain ayant été hissé au sommet du Capitole mercredi pour marquer sa visite historique.
Avant ce geste fort, Volodymyr Zelensky avait été accueilli par une ovation debout des membres de la Chambre des représentants et du Sénat. Vêtu de sa traditionnelle tenue kaki, en anglais et avec la plus grande solennité, le dirigeant ukrainien a lancé : « Contrairement aux prédictions les plus funestes, l’Ukraine n’est pas tombée. L’Ukraine est vivante et combative ».« La tyrannie russe n’a plus de contrôle sur nous », a-t-il encore affirmé, acclamé à plusieurs reprises lors d’un discours vibrant d’une vingtaine de minutes. En face, des députés attentifs et eux aussi parés de couleurs symbolique, là un tailleur bleu, là une écharpe jaune, certains avaient épinglé les tons de l’Ukraine à leur boutonnière, l’un d’eux ayant même placé un petit drapeau bicolore dans la poche de son veston.
Aide financière américaine à l’Ukraine
Le président ukrainien s’est efforcé de convaincre le Congrès, qui va basculer partiellement du côté des républicains en janvier, de poursuivre son aide massive. « Je voudrais vous remercier, vous remercier beaucoup pour les aides financières que vous nous avez accordées et celles que vous pourriez décider », a-t-il déclaré.« Votre argent n’est pas de la charité, c’est un investissement dans la sécurité mondiale et la démocratie, que nous gérons de la façon la plus responsable » a lancé Volodymyr Zelensky, dans une réponse aux préoccupations exprimées par certains responsables conservateurs qui ne veulent plus de « chèque en blanc » pour Kiev. Et ce alors que les parlementaires doivent approuver une nouvelle enveloppe massive de près de 45 milliards de dollars d’assistance humanitaire et militaire pour l’Ukraine.
Il a par ailleurs lié le combat contre la Russie à la menace que représente l’Iran, un thème cher au camp républicain qui reproche au président démocrate Joe Biden d’être trop complaisant face à Téhéran. « Les drones mortels envoyés par centaines par l’Iran à la Russie sont devenus une menace pour notre infrastructure stratégique. Deux (États) terroristes se sont bien trouvés. Et ce n’est qu’une question de temps avant qu’ils n’attaquent vos autres alliés », a-t-il mis en garde.
Volodymyr Zelensky de retour en Ukraine
Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, en visite mercredi à Washington pour sa première sortie du pays depuis l’invasion russe du 24 février, est déjà revenu en Ukraine.
Juste avant de remettre les pieds en Ukraine, Volodymyr Zelensky a rencontré son homologue polonais, Andrzej Duda, à l’aéroport de Rzeszow-Jasionka, dans le sud-est de la Pologne. « Sur le chemin du retour, j’ai rencontré un ami de l’Ukraine, le président polonais Andrzej Duda », a-t-il indiqué sur les réseaux sociaux.
Donetsk dans la « ligne de mire » russe
« Les principaux efforts de nos troupes se concentrent sur l’achèvement de la libération du territoire de la République populaire de Donetsk », a annoncé Valéri Guerassimov, le chef d’état-major des forces russes. Il a dit constater une « stabilisation » de la ligne de front, longue de 815 kilomètres.
La région de Donetsk, dans l’Est de l’Ukraine, autoproclamée par les séparatistes prorusses, était l’une des quatre régions d’Ukraine que la Russie a tenté d’annexer en septembre lors de « référendums ». Depuis une série de revers militaires russes dans le nord-est et le sud de l’Ukraine entre septembre et début novembre, l’essentiel des combats se concentre actuellement dans l’Est, et notamment dans la ville de Bakhmout, dans la région de Donetsk.
Par ailleurs, une frappe ukrainienne sur Donetsk a blessé l’ex-patron de l’Agence spatiale russe Roscosmos, Dmitri Rogozine. Un morceau d’obus s’est logé au-dessus de son omoplate droite. Il doit se faire opérer, a-t-il indiqué jeudi sur Telegram.
Dans la région de Kherson, autre région que la Russie a tenté d’annexer par « référendum » en septembre mais qui a été reconquise en partie en novembre par l’Ukraine, au sud du pays, un chef prorusse a été tué dans une attaque à la bombe, ce jeudi, selon l’administration russe d’occupation, qui accuse les Ukrainiens. Il s’agit d’Andreï Chtepa, chef de la localité de Lioubymivka, sous contrôle de l’armée russe.
Les « préoccupations de la Russie » pas écoutées, selon le Kremlin
« Les États-Unis poursuivent leur ligne de guerre de facto et indirecte avec la Russie, jusqu’au dernier Ukrainien », a déclaré le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, en réaction à la visite de Volodymyr Zelensky aux États-Unis. « Nous pouvons constater avec regret que ni le président Biden ni le président Zelensky n’ont dit quoi que ce soit qui puisse être perçu comme une volonté potentielle d’écouter les préoccupations de la Russie », a déclaré aux journalistes le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov.
Sur le système de défense antiaérien Patriot promis à l’Ukraine lors de cette visite aux États-Unis, Vladimir Poutine a parlé d’un « système assez vieux ».
« Nous nous efforcerons de faire en sorte que [la guerre] se termine. Et le plus tôt sera le mieux, bien sûr », a également assuré le chef du Kremlin. « La Russie n’a manifesté aucun intérêt (à s’engager) dans une diplomatie significative » pour mettre fin à la guerre, a réagi le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken.
Entrée de l’Ukraine dans l’Otan
Pensant à de futures négociations de paix, pour le moment encore hypothétiques, Emmanuel Macron donne une nouvelle fois des gages au Kremlin. Le chef de l’Etat a ainsi estimé mercredi qu’une entrée de l’Ukraine dans l’Otan serait vécue par la Russie comme une confrontation et qu’elle n’est pas le « scénario le plus vraisemblable ».
« L’entrée de l’Ukraine dans l’Otan serait perçue par la Russie comme quelque chose de confrontationnel. Ce n’est pas avec cette Russie-là que vous pouvez l’imaginer », a-t-il déclaré dans un entretien aux quotidiens français Le Monde, américain Wall Street Journal et libanais An Nahar.
« Que l’Ukraine entre ou non dans l’Otan – et ce n’est pas le scénario le plus vraisemblable – il faudra lui donner des garanties de sécurité d’autant plus robustes qu’elle a été agressée par la Russie », a-t-il poursuivi. Emmanuel Macron a ainsi insisté sur la nécessité d’accorder des « garanties de sécurité » à l’Ukraine mais aussi à la Russie à l’issue du conflit ukrainien, position qui lui a valu de vives critiques à Kiev et en Europe de l’est.
Rivalités diplomatiques
Quand l’heure des négociations pour la sortie du conflit sera venue, Macron déclare: « il faudra mettre tout le monde autour de la table. Et donc que tous les Européens et les Occidentaux qui me donnent des leçons de morale m’expliquent avec qui ils se mettront autour de la table », a-t-il lancé. « Moi, je n’ai pas envie que ce soient les Chinois et les Turcs seuls qui négocient le jour d’après », a-t-il souligné en référence notamment aux efforts de médiation de la diplomatie turque.
Le président français a aussi de nouveau plaidé pour l’autonomie stratégique de l’Europe, au sein de l’Otan, mais dans une moindre dépendance vis-à-vis des Etats-Unis. « Il n’y a pas d’architecture de sécurité de l’Europe sans autonomie stratégique, dans l’Otan et avec l’Otan, mais pas en dépendant de l’Otan ». « Une alliance, ce n’est pas quelque chose dont je dépends, c’est quelque chose que je choisis (…) Nous devons repenser notre autonomie stratégique », a-t-il insisté. « L’Europe doit gagner en autonomie technologique, capacitaire, y compris par rapport aux Etats-Unis », a également martelé le chef de l’Etat.
Espionnage russe
Soupçonné d’avoir transmis des informations à la Russie, un agent des services de renseignement allemands a été arrêté mercredi à Berlin, a annoncé jeudi le parquet fédéral.
L’appartement et le poste de travail de ce dernier ont été perquisitionnés, ainsi que ceux d’une autre personne. « En 2022, il a fourni des informations, récoltées dans le cadre de son travail à un service de renseignement russe », a indiqué le parquet fédéral de Karlsruhe, qui s’occupe notamment des affaires d’espionnage.
Le suspect a été présenté à un juge et placé en détention provisoire.
Giorgia Meloni veut se rendre en Ukraine
Jeudi, la Première ministre italienne Giorgia Meloni, dont le gouvernement d’extrême droite soutient Kiev dans son conflit face à la Russie, a affirmé jeudi vouloir se rendre en Ukraine début 2023.« Je vais appeler Zelensky pour lui présenter mes vœux et organiser ce voyage que je compte faire dans les premiers mois de l’année prochaine. C’était un de mes voyages prioritaires », a-t-elle déclaré dans l’émission de télévision « Porta a Porta », diffusée sur la chaîne publique Rai 1.