La Russie a revendiqué ce mardi 7 février le « succès » de sa récente offensive dans l’est de l’Ukraine, à l’heure où Kiev s’attend à une attaque russe d’ampleur et réclame que l’Occident décuple et accélère son aide militaire. « Actuellement, les combats évoluent avec succès dans les zones » de Bakhmout et Vougledar, a déclaré le ministre russe de la Défense, Sergueï Choïgou, mettant en outre en garde l’Occident contre un accroissement de son aide à l’Ukraine, qui pourrait « conduire à un niveau imprévisible d’escalade » du conflit.
Des renforts russes

La Russie envoie des renforts dans l’est de l’Ukraine en prévision d’une éventuelle offensive, a déclaré un gouverneur ukrainien, mais les services de renseignement britanniques ont indiqué ce mardi qu’il était peu probable que la Russie dispose de suffisamment de forces pour influer de manière significative sur la guerre en quelques semaines.
L’Ukraine anticipe une offensive majeure de la Russie pour des raisons « symboliques » autour de l’anniversaire de l’invasion russe le 24 février, que Moscou persiste à appeler « opération militaire spéciale ». « Nous voyons de plus en plus de réservistes (russes) déployés dans notre direction, nous voyons plus d’équipements apportés (…) », a déclaré Serhi Gaïdaï, gouverneur ukrainien de la province de Louhansk, principalement occupée par les Russes.
« Ils apportent des munitions qui sont utilisées différemment par rapport à avant – ce ne sont plus des bombardements 24 heures sur 24. Ils commencent lentement à économiser, à se préparer à une offensive de grande envergure », a dit Serhi Gaïdaï à la télévision ukrainienne.
L’Ukraine planifie elle-même une offensive au printemps pour reconquérir les territoires perdus, mais elle attend la livraison de missiles occidentaux à plus longue portée et des chars de combat promis. Des analystes affirment que le pays ne sera pas prêt avant des mois.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a fait savoir dans un discours lundi soir qu’il allait renforcer les effort militaires sur la ligne de front et la frontière avec des changements de personnels, alors que la confusion règne toujours autour du sort du ministre ukrainien de la Défense, Oleksi Reznikov.
Le défi de Prigojine

Le patron du groupe paramilitaire russe Wagner, Evguéni Prigojine, s’est affiché lundi à bord de ce qu’il a présenté comme un bombardier Su-24 revenant d’un bombardement sur Bakhmout, l’épicentre des combats dans l’est de l’Ukraine.
Dans une vidéo, le sulfureux homme d’affaires devenu chef de guerre est équipé d’un casque et d’un masque de pilote, tandis qu’un paysage de nuit peut être aperçu par le hublot au moment où l’appareil atterrit. «On a atterri, on a bombardé Bakhmout», a lancé Evguéni Prigojine dans cette courte vidéo diffusée sur Telegram par son service de presse.
Evguéni Prigojine a également lancé un défi au président ukrainien Volodymyr Zelensky, assurant qu’il embarquerait mardi sur un chasseur MiG-29. «Si vous voulez, nous nous rencontrerons dans le ciel. Si votre appareil prend le dessus, vous récupérez (Bakhmout), sinon on ira jusqu’au (fleuve) Dniepr», assure-t-il. Cette vidéo est diffusée le jour où le Parlement ukrainien a voté une résolution qualifiant d’organisation terroriste le groupe Wagner, dont les mercenaires combattent en première ligne aux côtés de l’armée russe. «Nous nous préparons à détruire Wagner en tant que composante du terrorisme international», a déclaré sur Telegram le chef de l’administration présidentielle ukrainienne Andriï Iermak.
Diesel russe

La Russie de Poutine contourne les sanctions économiques imposées par les Européens. Les données de Traders et de Refinitiv Eikon de lundi 6 février 2023 révèlent que la Russie avait exporté environ 346.000 tonnes de diesel à faible teneur en soufre de son port de Primorsk en mer Baltique vers le Maroc, la Turquie et la Tunisie entre le 1er et le 5 février, apprend-on de Reuters.
Ces exportations ont eu lieu au moment où l’Union européenne a décrété un embargo à partir du 5 février sur les importations de produits pétroliers russes dans les pays membres de l’Union.
Outre l’embargo, les pays de l’UE ont accepté de plafonner les prix des produits pétroliers raffinés russes afin de limiter le financement de l’invasion de l’Ukraine par la Russie.
En quête de nouveaux marchés, la Russie a augmenté ses livraisons de diesel en janvier via la mer à destination du Maroc, de la Turquie, du Ghana, du Sénégal, de la Libye, de la Côte d’Ivoire et de l’Uruguay, selon les données de Refinitiv Eikon.