Marioupol n’est toujours pas totalement tombée aux mains des Russes, mais la ville, presque totalement détruite, n’existe pratiquement plus. Les derniers soldats ne veulent pas se rendre, mais des habitants terrés dans des abris ne supportent plus leur calvaire et souhaiteraient qu’ils déposent les armes. Pour l’armée de Poutine, la ville elle-même ne compte pas vraiment et il peut la détruire dans le seul but de faire peur, de démoraliser les Ukrainiens. Si elle est importante, c’est parce qu’elle assure la continuité entre le Donbass et la Crimée. Faire peur semble aussi le principal objectif des bombardements de Lviv qui avait été épargnée et abritait des milliers de déplacés. De « puissantes » frappes russes ont touché la ville de l’ouest de l’Ukraine, tôt ce lundi matin. Au moins sept personnes ont été tuées, et onze autres ont été blessées, dont un enfant, a annoncé le gouverneur régional, Maksym Kozytsky. Le bilan est encore provisoire. Un conseiller du président Zelensky, Mikhaïlo Podoliak, a parlé de cinq frappes, tandis que M. Kozytsky a évoqué quatre frappes de missiles de croisière, tirés depuis la mer Caspienne – trois sur des infrastructures militaires et une sur un garage de pneumatiques –, qui ont provoqué des incendies. Toutes les cibles sont « gravement endommagées », selon lui.
Des bombardements russes sur Kharkiv, grande ville du nord-est de l’Ukraine, ont fait au moins trois morts, ont annoncé les autorités locales, au lendemain de frappes ayant déjà fait six morts. Des journalistes de l’Agence France-Presse sur place ont entendu une série d’explosions nourries dans la matinée.
Dans l’est, les troupes russes sont entrées, ce lundi, dans la ville de Kreminna. « Il y a eu une importante attaque dans la nuit » de dimanche à lundi à Kreminna, a déclaré le gouverneur ukrainien de la région de Louhansk, Serguiï Gaïdaï, sur sa page Facebook. « L’armée russe y est déjà entrée, avec une énorme quantité de matériel de guerre. (…) Nos défenseurs se sont repliés sur de nouvelles positions », a-t-il ajouté. Kreminna, qui compte environ 18 000 habitants, se trouve à une cinquantaine de kilomètres au nord-est de Kramatorsk, la capitale ukrainienne du Donbass, l’une des cibles de Moscou dans cette région. La ville voisine de Roubijne est sous le feu intense de l’artillerie et des mortiers ukrainiens, ont constaté des journalistes de l’Agence France-Presse. Des positions ukrainiennes pilonnaient cette localité, notamment depuis le village de Novodruzhesk, à environ trois kilomètres.
Aucun couloir humanitaire n’a été mis en place aujourd’hui pour l’évacuation des civils des zones de combats, y compris pour la ville dévastée de Marioupol, a annoncé la vice-première ministre ukrainienne, Iryna Verechtchouk, sur Telegram. Les civils n’avaient déjà pas pu quitter la zone dimanche. « Les occupants russes ne cessent de bloquer et de bombarder les routes humanitaires. Par conséquent, pour des raisons de sécurité, il a été décidé de ne pas ouvrir de couloir », a-t-elle ajouté.
Echange ?
La télévision publique russe a diffusé les appels de deux hommes, identifiés comme des ressortissants britanniques, Shaun Pinner et Aiden Aslin, affirmant qu’ils ont été capturés lors de combats en Ukraine et demandant au premier ministre Boris Johnson de négocier leur libération. Les deux hommes, qui apparaissent les traits tirés, demandent à être échangés contre Viktor Medvedtchouk. Ils ne précisent pas qui les détient actuellement, les forces russes ou leurs alliés séparatistes du Donetsk, dans l’est de l’Ukraine.
Viktor Medvedtchouk est un ukrainien proche de Vladimir Poutine, qui est le parrain de sa fille. Il a été récemment arrêté pour malversation. Les autorités ukrainiennes avaient diffusé pour leur part une vidéo de ce riche homme d’affaires, dans laquelle celui-ci demande à être échangé « contre les défenseurs de Marioupol et ses habitants ». Interrogé sur un échange potentiel, le Kremlin avait esquivé la question en soulignant que M. Medvedtchouk n’était « pas un citoyen russe », ajoutant ne pas savoir s’il souhaitait que Moscou se mêle de son cas.
Sanctions
Le président russe, Vladimir Poutine, a déclaré ce lundi que les sanctions décidées par les pays occidentaux contre la Russie avaient conduit à une « détérioration de l’économie en Occident ». « La Russie a résisté à une pression sans précédent », a ajouté M. Poutine, dans un discours sur l’état de l’économie russe. Il a ajouté que l’inflation dans son pays était en train de se stabiliser et que la demande était revenue à la normale. M. Poutine a toutefois reconnu une forte hausse des prix à la consommation, précisant qu’ils avaient augmenté de 17,5 % . Le président russe a demandé au gouvernement d’aligner les salaires sur cette hausse afin d’atténuer l’impact de l’inflation sur les revenus de la population. Par ailleurs, il a décerné un titre honorifique à une brigade accusée par l’Ukraine des exactions de Boutcha.
Avant le discours de M. Poutine, la gouverneure de la Banque centrale de la Fédération de Russie, Elvira Nabioullina, avait déclaré qu’il faudrait environ deux ans pour ramener l’inflation vers l’objectif de 4 % que se sont fixé les autorités. Elle a précisé que Moscou prévoyait d’engager des procédures judiciaires contre le blocage d’actifs russes, entre autres en or et en devises appartenant à des résidents russes.