Le président russe Vladimir Poutine a affirmé que Moscou allait déployer des armes nucléaires « tactiques » sur le territoire de son allié, le Bélarus, un pays situé aux portes de l’Union européenne.
« Il n’y a rien d’inhabituel ici : les Etats-Unis font cela depuis des décennies. Ils déploient depuis longtemps leurs armes nucléaires tactiques sur le territoire de leurs alliés », a déclaré M. Poutine lors d’une interview diffusée à la télévision russe.
« Nous avons convenu de faire de même », a-t-il ajouté, disant avoir l’accord de Minsk.
« Nous avons déjà aidé nos collègues bélarusses et équipé leurs avions (…) sans violer nos engagements internationaux en matière de non-prolifération des armes nucléaires. Dix avions sont prêts à utiliser ce type d’arme », a poursuivi M. Poutine.
« A partir du 3 avril, nous commençons à former les équipages. Et le 1er juillet, nous terminerons la construction d’un entrepôt spécial pour les armes nucléaires tactiques sur le territoire du Bélarus », a-t-il ajouté.
Selon M. Poutine, cette décision a été motivée par la volonté de Londres d’envoyer des munitions à uranium appauvri à l’Ukraine, comme évoqué récemment par une responsable britannique.

M. Poutine a menacé de recourir également à ce type d’obus si Kiev venait à en recevoir.
« La Russie, bien sûr, a de quoi répondre. Nous avons, sans exagérer, des centaines de milliers d’obus de ce type. Nous ne les utilisons pas pour le moment », a déclaré le président russe.
Alliance fasciste
Le président russe Vladimir Poutine a de nouveau haussé le ton face à l’Occident. Dans une interview diffusée ce dimanche soir à la télévision russe, le chef du Kremlin a évoqué la coalition formée contre son pays dans le dossier ukrainien. « L’Occident est en train de construire une coalition similaire aux pays fascistes de l’Axe des années 1930 », a déclaré Poutine. « Dans cette alliance, comme à l’époque, l’Allemagne, l’Italie et le Japon en sont également membres », a-t-il ajouté dans cette interview donnée à l’occasion du 23e anniversaire de son arrivée au pouvoir.
« L’année dernière, ils ont formulé un nouveau concept d’alliance et il y est écrit que l’OTAN ouvrira des relations avec les pays de l’océan Pacifique. Il y a aussi l’Australie, la Nouvelle-Zélande et la Corée du Sud. Ils nous disent en réalité qu’ils vont faire de l’OTAN une organisation mondiale – qu’est-ce que c’est que cette chose ? », s’est-il insurgé.
Le président russe a également abordé la visite du président chinois Xi Jinping à Moscou cette semaine, déclarant : « Nous ne construisons pas un axe militaire avec la Chine. Nos relations sont bonnes, mais une alliance militaire avec la Chine n’est pas à l’ordre du jour ».
Réaction ukrainienne

« Le Kremlin a pris la Biélorussie comme otage nucléaire », a écrit sur Twitter le secrétaire du Conseil de sécurité ukrainien Oleksiï Danilov, ajoutant que cette décision est un « pas vers la déstabilisation interne du pays ». Si Minsk ne prend pas part directement au conflit en Ukraine, Moscou s’est servi de son territoire pour conduire son offensive sur Kiev l’année dernière ou pour mener des frappes, selon les autorités ukrainiennes.
L’annonce du président russe « maximise le niveau de perception négative et de rejet public de la Russie et de M. Poutine dans la société bélarusse », a averti Oleksiï Danilov.
Kiev a demandé un réunion du Conseil de sécurité d l’ONU et Washington examine les conséquences de la décision russe.
Les analystes de l’Institut pour l’étude de la guerre (ISW), basé à Washington, ont déclaré que le risque d’escalade vers une guerre nucléaire « reste extrêmement faible ».
Prigojine vs Kremlin
Le patron de la célèbre milice paramilitaire russe Wagner a ouvertement contredit des aspects clés du récit du Kremlin sur la guerre en Ukraine, selon l’Institut américain pour l’étude de la guerre (ISW).
Evgueni Prigojine a démenti les allégations selon lesquelles la Russie combattait l’OTAN et s’est demandé s’il y avait réellement des nazis en Ukraine. Le Kremlin a justifié à plusieurs reprises l’invasion de son voisin comme nécessaire, et purger Kyiv des néo-nazis qui menacent la paix et la sécurité de la Russie, bien qu’il y ait aucune preuve pour soutenir ces allégations.
En parallèle, le chef de Wagner a présenté cette guerre comme une lutte existentielle contre l’OTAN, qui, selon lui, se heurte aux frontières de la Russie. Evgueni Prigojine a déclaré que Moscou se battait contre_ »exclusivement des Ukrainiens »_ équipés d’équipements fournis par l’OTAN et certains mercenaires « russophobes » qui soutiennent volontairement l’Ukraine – mais pas l’OTAN elle-même, a déclaré jeudi l’ISW.
Il a également exprimé des doutes sur les objectifs de « dénazification » en Ukraine, incertain de la présence de « nazis » dans le pays, tout en « rejetant vigoureusement » les affirmations de longue date du Kremlin selon lesquelles la Russie doit se défendre contre une menace de l’OTAN.
« Il est ridicule de penser » que les responsables russes ne savaient pas que l’OTAN viendrait en aide à Kiev, a déclaré le SIE citant Prigojine.
Autrefois proche allié du président russe Vladimir Poutine, l’unité paramilitaire qui comprend d’anciens condamnés dans ses rangs est devenue de plus en plus visible sur le champ de bataille en Ukraine, Evgueni Prigojine semble désormais défier l’armée russe conventionnelle.
Dans son évaluation de jeudi, l’ISW a déclaré que Evgueni Prigojine avait « assoupli sa rhétorique envers le Ministère russe de la Défense probablement par peur de perdre complètement sa force mercenaire à Bakhmout ».
Evgueni Prigojine a fait part de ses inquiétudes quant à une éventuelle contre-offensive ukrainienne, affirmant que 200 000 réservistes se massaient sur le front oriental. L’ISW a déclaré que ces « déclarations exagérées … [étaient] probablement une tentative d’obtenir davantage de fournitures et de renforts du ministère de la Défense russe pour sauver ses forces à Bakhmout ».