L’Ukraine a qualifié ce jeudi la future présidence russe du Conseil de sécurité de l’ONU, à partir de samedi et pour un mois, de «mauvaise blague».
«La présidence russe du Conseil de sécurité de l’ONU le 1er avril est une mauvaise blague. La Russie a usurpé son siège; elle mène une guerre coloniale ; son président est un criminel de guerre recherché par la CPI pour enlèvement d’enfants », a fustigé sur Twitter le chef de la diplomatie ukrainienne, Dmytro Kouleba.
La présidence du Conseil de sécurité de l’ONU tourne chaque mois entre les 15 États membres du Conseil, selon l’ordre alphabétique. En avril, la Russie prend la suite du Mozambique et laissera la place, en mai, à la Suisse.
Journaliste américain arrêté

La Russie a annoncé jeudi 30 mars l’arrestation pour «espionnage» d’un journaliste américain du quotidien Wall Street Journal, Evan Gershkovich, un cas sans précédent dans l’histoire récente du pays dans un contexte de répression depuis l’offensive contre l’Ukraine. Le tribunal russe Lefortovo de Moscou l’a placé en détention provisoire pour deux mois. Sa détention peut être prolongée à l’issue de cette période, dans l’attente d’un éventuel
procès.
Sans étayer cette accusation, le Kremlin a affirmé que le reporter avait été pris «en flagrant délit» et a mis en garde Washington contre toute forme de représailles contre les médias russes travaillant aux États-Unis. Moscou a d’ores et déjà affirmé qu’il était trop tôt pour un échange de prisonniers.
Ce jeudi, le Service fédéral de sécurité russe (FSB) a déclaré avoir «déjoué l’activité illégale du correspondant accrédité (…) du bureau moscovite du journal américain Wall Street Journal, le citoyen des États-Unis Evan Gershkovich», qui a été arrêté à Iekaterinbourg, dans l’Oural. Il est «soupçonné d’espionnage au profit des États-Unis» et de collecter des informations «sur une entreprise du complexe militaro-industriel» russe, a-t-il ajouté dans un communiqué. Ce chef d’accusation est passible de dix à vingt ans de prison, selon l’article 276 du Code pénal russe.
Avant de rejoindre le quotidien américain en 2022, Evan Gershkovich était un correspondant de l’AFP à Moscou, et avant cela, du journal en langue anglaise Moscow Times. Parfaitement russophone, le journaliste de 31 ans est d’origine russe et ses parents sont installés aux États-Unis.
UE, Chine et Ukraine

L’avenir des relations entre l’Union européenne et la Chine dépendra pour une large part de l’attitude de Pékin vis-à-vis de la « guerre de Poutine » en Ukraine, a mis en garde ce jeudi Ursula von der Leyen.
« Nous devons être francs: la manière dont la Chine continuera de réagir face à la guerre de Poutine sera un facteur déterminant de l’avenir des relations entre l’UE et la Chine », a lancé la présidente de la Commission européenne, qui doit se rendre à Pékin la semaine prochaine avec le président français Emmanuel Macron.
La Chine, qui n’a jamais dénoncé l’invasion russe de l’Ukraine, a proposé en février un « plan de paix » pour mettre fin à la guerre, qui dure depuis plus d’un an, mais les États-Unis et l’Europe restent sceptiques sur la capacité de Pékin à jouer un rôle de médiateur.
« Loin d’être décontenancé par l’invasion atroce et illégale de l’Ukraine, le président Xi maintient son amitié « sans limite » avec la Russie de Poutine », a souligné Ursula von der Leyen lors d’un discours devant des centres de réflexion à Bruxelles.
Pékin et l’armée russe

Tan Kefei, porte-parole du ministère de la défense chinois déclare aujourd’hui que Pékin est disposé à travailler avec l’armée russe pour renforcer la communication et la coordination stratégiques, rapporte les agences Reuters et Associated Press.
M. Tan a réitéré que la relation de la Chine avec la Russie ne constitue pas une alliance formelle et ne menace aucune tierce partie. Il a ajouté que « les deux pays travailler[aie]nt ensemble pour mettre en œuvre des initiatives de sécurité mondiale », a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse. Tan a déclaré que les deux pays organiseraient des patrouilles maritimes et aériennes conjointes et des exercices conjoints.
Campagne de recrutement

Les autorités russes préparent une grande campagne de recrutement de soldats. Objectif : recruter 400.000 volontaires et professionnels. L’annonce a été faite par les services de renseignements militaires britanniques sur base des communications des médias russes.
Les autorités présentent cet enrôlement comme volontaire, et non pas une mobilisation obligatoire comme cela avait été le cas fin 2022 avec la mobilisation de 200.000 soldats. Les services de renseignement britanniques estiment qu’en pratique, les autorités russes pourraient forcer les hommes à rejoindre les rangs militaires si le quota n’est pas atteint.
Pour Nicolas Gosset, chercheur à l’Institut royal supérieur de défense (IRSD), les autorités russes ne parviennent pas à boucler leurs objectifs d’enrôlement : « la Russie n’a jamais atteint les plafonds de recrutement annoncés ». Du côté des services de renseignement britanniques, ils affirment qu’il y a très peu de chance que cette campagne n’attire 400.000 vrais volontaires.
Nouvelles plaintes contre TotalEnergies
Deux associations ont déposé mercredi une nouvelle plainte pour tenter d’obtenir la désignation d’un juge d’instruction pour enquêter sur TotalEnergies, qu’ils accusent de complicité de crimes de guerre russes en Ukraine, a appris l’AFP jeudi de source proche du dossier.

Une première plainte avait été classée sans suite.
Accusé d’avoir indirectement contribué à l’effort de guerre russe en continuant à exploiter un gisement après le début de la guerre en Ukraine, ce qui aurait permis de fabriquer du carburant utilisé par les avions de Moscou, le groupe pétrolier a dénoncé auprès de l’AFP des attaques « outrancières », « diffamatoires » et « infondées ».
Les deux associations plaignantes originaires de Bordeaux et d’Ukraine, Darwin Climax Coalition et Razom We Stand, ont déposé mercredi une plainte avec constitution de partie civile.
Cette procédure permet d’obtenir de manière quasi-automatique la désignation d’un juge d’instruction.
« Les accusations de « complicité de crime de guerre » sont outrancières et diffamatoires », a répondu le groupe.